MESSAGE D'AMOUR POUR NOTRE PETIT SIMON LIVRÉ PAR
PAUL LORS DE LA CÉRÉMONIE À LA MAISON DARCHE LE 8
AVRIL 2000

Merci à vous tous qui êtes venus aujourd'hui partager notre
peine et nous apporter un peu de réconfort. Même si c'est très
pénible pour moi, je tenais à livrer moi-même un dernier
témoignage au petit Simon, notre fils à Sandra et à moi, qui
nous a quittés après un passage à la vie beaucoup beaucoup
trop court.

Je n'ai pas de talent particulier pour l'écriture ou la poésie.
Je n'ai pas eu non plus, je l'avoue, la force de préparer
quelque chose de très étoffé. Je crois de toute façon que les
mots sont infidèles à décrire ce que nous ressentons vraiment
en ce moment.

Simon, ton absence crée un immense vide dans notre vie.
Avec toi, tant de rêves se sont envolés, tant d'espoirs se sont
écroulés. Nous t'aimions, nous t'adorions avant même de te
connaître. La première fois que nous avons entendu ton coeur
battre chez le médecin, nous t'aimions déjà. La première fois
que nous t'avons aperçu à l'échographie, nous t'aimions déjà
d'un amour inconditionnel. Je te parlais à travers le ventre
de Sandra et tu me repondais souvent pas des coups de pied.
Ton frère Olivier et toi étiez devenus les deux êtres les plus
précieux au monde. Nous nous préparions à t'accueillir dans
nos vies, à t'entourer d'amour et de tendresse, de chaleur.
Pas seulement Sandra et moi mais aussi tes grands-parents,
tes oncles, tes tantes et tes cousins.

C'est avec une immense joie et un enthousiasme débordant que
Sandra et moi nous préparions à être tes parents. Nous
étions prêts à faire tous les sacrifices pour que tu puisses
t'épanouir dans la vie et que ton existence soit heureuse. Tu
nous l'aurais rendu mille fois. Nous avons prié et prié pour
que ton frère et toi soyez en pleine santé. Nous savons
aujourd'hui que c'était le cas. Nous avions créé en Olivier et
toi deux petites merveilles, deux petits chefs-d'oeuvre de la vie.

Malheureusement, durant l'accouchement, il y a eu un
accident, appelons ça comme ça, même si ce n'en était pas un...
Un accident qui t'a arraché à la vie quelques heures
seulement après ta naissance. Tu es mort dans mes bras à
l'hôpital Sainte-Justine et c'était la toute première fois que je
pouvais te tenir dans mes bras.

Malgré toute la tristesse qui m'a envahi, mon désarroi, ma
colère, mon sentiment d'injustice, ma révolte, je suis resté
longtemps avec toi. Je t'ai gardé longtemps dans mes bras,
je t'ai caressé, je t'ai embrassé. J'étais en admiration devant
toi. Tu étais beau, tu étais parfait. Ton frère et toi, étiez la
plus belle chose que j'avais vue de toute ma vie et tu étais ma
chair, tu étais mon sang. Je me suis dit: "Mon Dieu que je
suis donc fier d'être père. Mon Dieu que je suis donc fier que
tu sois mon fils. "Tu avais l'air serein et en paix. Oui, c'était
bien un petit ange que je tenais dans mes bras puisque ton
âme ne pouvait être ailleurs qu'au ciel.

Aujourd'hui, Simon, notre fils, dans ton coin de paradis, c'est
à ton tour de prier pour nous, tes parents. Prie pour nous,
pour que nous ayons la force de continuer de grandir dans
cette épreuve pour que nous puissions donner ce qu'il y a de
mieux à ton frère Olivier. Il en a besoin. Prie pour que
nous arrivions à supporter notre douleur d'avoir perdu un
trésor dont nous n'avons pu connaître toutes les richesses.
Prie pour que nous arrivions un jour à surmonter notre
chagrin. Il est si grand que nous avons parfois peur de nous
y noyer. Prie pour que nous arrivions à supporter la
douleur de t'avoir perdu. Prie pour que nous gardions la foi,
car il nous est impossible de comprendre comment Dieu a pu
nous envoyer deux petits miracles pour aussitôt en reprendre
un. Nous ne comprenons pas pourquoi il avait commencé le
plus beau des poèmes pour le laisser inachevé.

Nous savions que tu serais le plus costaud des deux et je me
disais que peut-être tu aurais à protéger ton petit frère. Et
bien de là-haut, je t'en supplie, protège-le. Veille sur lui car
il est maintenant ce que nous avons de plus précieux. Soit
son ange gardien durant toute sa vie. Tu lui manqueras
beaucoup à lui aussi. Prends-en bien soin. Prends bien soin
aussi de tes futurs frères et soeurs. On dit des enfants d'un
couple qu'ils sont le fruit de leur amour. Avec de magnifiques
fruits comme ceux-là, Sandra, je compte bien en récolter
d'autres.

Vous le savez, c'est une période extrêmement pénible que nous
traversons en ce moment, car en plus d'avoir perdu un enfant,
nous ne pouvons nous empêcher de penser que Simon aurait
dû lui aussi être parmi nous aujourd'hui et avoir sa chance
dans la vie; la chance de vivre sa vie.

Ce n'est que grâce à la présence d'Olivier et à l'appui des gens
qui nous entourent, que nous arrivons tant bien que mal à
nous tenir debout.

Je veux donc remercier des gens qui nous ont
particulièrement aidés et qui continuent de nous aider encore.
Jean-Louis et Huguette qui ont si bien su prendre la relève
durant le séjour de Sandra à l'hôpital. Merci pour votre
présence, votre disponibilité et vos bons mots pour nous
consoler.

Denis et Gisèle, qui prennent bien soin de nous et d'Olivier, et
qui font déjà des grands-parents extraordinaires. Merci de
votre générosité sans bornes.

Merci à Richard et à Mélanie, qui en plus d'être un oncle et
une tante formidables pour le petit Olivier, deviendront ses
parrain et marraine. En passant, à la mémoire de son frère,
Olivier sera baptisé Olivier Simon Bonin Cardinal.

Un super gros merci à ma soeur Mélanie, qui, entre autres,
m'a accompagné à Sainte-Justine lors du décès de Simon.
Laisser mon p'tit bonhomme à l'hôpital, est de loin la chose la
plus difficile que j'aie faite de toute ma vie. Sans toi, je n'y
serais probablement pas arrivé.

Aussi quel réconfort ça a été pour moi de trouver quelqu'un
qui partagerait entièrement et le plus sincèrement du monde
ma peine, ma colère, mon désespoir.

Mélanie merci, et je te dis en toute honnêteté, je n'ai jamais été
aussi fier que tu sois ma grande soeur.

Finalement, je ne peux pas passer par-dessus, merci et
félicitations à Sandra qui a porté avec amour Olivier et
Simon pendant presque neuf mois et subi toutes les
transformations et les inconvénients qui accompagnaient cette
grossesse pas toujours facile. Elle a pris soin de suivre toutes
les recommandations des médecins pour que nous ayons des
enfants en bonne santé.

Vous aurez peut-être remarqué les deux roses bleues dans le
bouquet derrière l'urne, elles ont une signification spéciale.
Quelques jours avant l'accouchement, j'avais offert à Sandra
deux roses bleues pour la féliciter d'avoir porté tout ce temps
nos deux petits garçons. Je lui ai dit: "tout le monde t'offrira
des fleurs après. Moi je te les donne avant parce que tu les
mérites bien de toute façon, peu importe comment se passera
l'accouchement."

Et puis à l'accouchement justement, après avoir donné
naissance au petit Olivier, tu n'as jamais hésité une seconde
devant cette césarienne d'urgence! Tu es partie sereine et de
ton propre aveu tu te disais: "Ça se pourrait que je ne me
réveille jamais." Mais tu n'as pas hésité quand même, en
espérant sauver la vie de notre petit Simon. Ça c'est de
l'amour pour son enfant.

Sandra, je t'ai trouvé formidable et je te lève mon chapeau
bien haut. Je ne remercierai jamais assez le ciel que tu te sois
réveillée, car j'ai besoin de toi à mes côtés chaque jour, jusqu'à
la fin de mes jours, j'en ai déjà fait le voeu. Tu es mon soleil.
Je t'aime. Je t'adore.

Voilà pour les remerciements.

Je termine avec une dernière pensée que s'adresse à Simon
notre fils.

Simon,
Nous avons écrit ton nom dans le sable, mais la vague l'a
effacé.

Nous avons gravé ton nom sur un arbre, mais l'écorce est
tombée.

Nous avons incrusté ton nom dans le marbre, mais la pierre
a cassé.

Nous avons enfoui ton nom dans nos coeurs, et le temps le
gardera à tout jamais.

Simon, notre petit ange, papa et maman t'aiment vraiment
beaucoup.


Né et décédé le 22 mars 2000

Inhumé le 7 novembre 2010

Dans le lot #227

Le cimetière près du fleuve

Longueuil, Qc.