SOUVENIRS ET LÉGENDES
PARTIE QUATRE
MES CERFS-VOLANTS
Le cerf-volant se construisait à domicile; le cadre se formait de baguettes
très légères en forme de raquette, l’ensemble était recouvert d’un
papier solide, à la manière d’un tambour, dont le cercle est bandé d’une
forte peau d’animal. Une longue queue s’ajoutait en arrière, naturellement,
formée d’une corde à laquelle on attachait à tous les cinq ou six pouces
des papiers de différentes couleurs pour donner une plus belle apparence au
cerf-volant. Une forte corde retenait l cerf par le centre.
Pour lui donner son vol, nous attendions une brise assez forte. On prenait
une course dans les champs, en tenant le cerf par la corde tout près de l’attache
ou à quelques pieds du cadre, et le vent, le soulevant peu à peu, s’en
emparait et l’emportait de plus en plus haut à mesure que nous donnions de la
corde, et en peu de temps, nous nous arrêtions pour le voir monter, toujours en
donnant de la corde selon sa demande et selon la force du vent. Le cerf-volant
montait et montait toujours. Tant que nous avions de la corde à fournir, le
cerf-volant s’enlevait dans les airs avec la majesté de l’aigle, planant
dans l’espace, à la manière des oiseaux géants qui surveillent pour s’abattre
sur une proie qu’ils visent depuis quelques minutes. Avec une allure de
comète, qui laisse traîner sa longue queue, le cerf-volant pouvait recevoir
des messages de la terre. On enfilait dans la corde des roulettes de papier ou
carton, avec des caractères lisibles, et le vent se chargeait de faire monter
ce message jusqu’aux habitants de la nouvelle planète. Mais nous ne recevions
jamais de réponse……..
Il y eut quelquefois plusieurs cerfs-volants qui survolaient le village; rien
de plus beau que de voir ces magnifiques petits aéroplanes de notre temps
planer au-dessus de nos têtes, tout en obéissant à nos désirs. Si on voulait
les rapprocher, il n’y avait qu’à retirer lentement la corde et le cerf
baissait en suivant la direction de la corde; il aimait aussi à recevoir ces
saluts que nous lui transmettions pas la voie de la corde.
N’est-ce pas le principe des aéroplanes qui circulent dans les espaces de
nos jours? Évidemment oui, la corde est remplacée par la force du moteur
mettant en mouvement l’hélice de bois ou métallique. Et le tout suit la
direction que le pilote donne aux ailes et à la queue ou gouvernail du
véhicule aérien.
Que sont-ils devenus si rares les beaux cerfs-volants d’autrefois! Ils nous
amusaient si bien, tout en élevant nos regards vers les voûtes célestes……
oooooOOOOOooooo
CIRQUE LOUIS CYR
J’étais fort petit quand, un jour, un « grand cirque » vint
camper dans les champs, derrière le village. C’était Louis Cyr et sa troupe.
Plusieurs tentes s’élevèrent en un rien de temps : des serviteurs
robustes travaillaient sous des ordres qui me paraissaient bien sévères :
hommes, femmes filles et garçons travaillaient chacun dans son domaine et tout
allait rondement. Je passai presque toute la journée à voir les préparatifs
et de temps en temps on me regardait avec des yeux qui me repoussaient.
Vers les cinq heures de l’après-midi eut lieu la fameuse procession à
travers le village. C’était l’annonce de tout ce qui pouvait se passer le
soir. Louis Cyr prenait, à lui seul, toute une voiture, tant il était gros;
des bouffons de toutes sortes amusaient les curieux. Il va s’en dire que ce n’était
pas le cirque de Barnum; mais à cet âge les impressions sont si grandes…..
Pendant le souper, je voyais bien plus les tentes de Cyr que les bouchées
que je mettais dans ma bouche, tant l’envie d’y aller m’obsédait. Tout à
coup, on frappa à la porte : deux cousins s’annoncèrent et papa
reconnut vite le cousin Noël, qui avait travaillé avec lui autrefois. Noël
venait au cirque et s’aperçut de mon tourment. Ce ne fut pas long; il m’offrit
de l’accompagner et j’acceptai sans me faire prier.
Bientôt nous étions installés à nos places, dans une foule immense de
spectateurs. Il y eut dans ce cirque surtout des jeux de force par Louis Cyr,
des jeux de lutte, de boxe, des tours de magie, des jeux aussi d’acrobatie par
les jeunes filles, qui évoluaient avec une habilité extraordinaire. Le notaire
Desrosiers de Saint-Germain lutta quelque temps avec Tremblé, le champion des
poids légers. Toutes ces nouveautés m’intéressèrent tellement que la
veillée se passa en un clin d’œil.
Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, je ne vis que ces acteurs dans
mon imagination. Ils furent un peu la cause de mes amours pour faire des séances
dans la suite, où je n’avais pas autant de succès; mais qu’importe! Je m’amusais.
Je garde pour le cousin Noël, un très grand souvenir, en reconnaissance des
joies qu’il m’a causées dans cette circonstance.
oooooOOOOOooooo
PIQUE-NIQUE D’ENFANTS
Je ne puis pas me rappeler sous quel règne de maîtresses eut lieu ce beau
pique-nique à Drummondville; j’étais dans le temps un des plus petits
élèves. Je me rappelle fort bien que nous sommes allés sur les îles du
St-François en grand’charrette et que nous avons eu beaucoup de plaisir en
voiture, en allant et en revenant.
A Drummondville, mes impressions furent aussi grandes : je voyais l’eau
d’une rivière pour la première fois, et je me posais bien des questions
intérieurement. Je vis des pêcheurs apprêter leurs appâts pour prendre du
poisson sous nos yeux; je fus même fort intéressé de voir sortir de gros
poissons au bout d’une ligne très longue. C’est à ce moment que datent mes
premiers goûts pour la pêche.
Je vis encore des nageurs; comment m’expliquer que des enfants pouvaient se
tenir dans l’eau profonde sans se noyer, et nager réellement avec l’agilité
des poissons. Dans le bocage où nous étions sur une île ou presqu’île, je
ne sais, la brise parfumée des fleurs sauvages venait nous caresser et nous
rendre encore plus légers; le chant varié des petits oiseaux en liberté nous
donnait, il me semble, des ailes, tant la joie et la gaieté étaient grandes
chez nous. C’était, comme vous le voyez bien, un véritable repos de l’esprit
et de notre être tout entier. Les « rapides » qui se précipitaient
avec une violence inouïe nous rendaient rêveurs quelques instants et nous nous
demandions si ces eaux ne pouvaient pas se reposer quelquefois.
Toutes ces merveilles de la nature, toutes ces beautés que Dieu a semées
dans l’espace et sur la terre sont autant de preuves de sa grande bonté pour
les hommes. Sachons étudier et lire dans le grand livre de la nature, nous y
verrons là tous les jours des prodiges de la Toute-Puissance divine et des
excès de l’Amour divin pour l’homme. Tout ce qui est créé est fait pour
que l’homme s’en serve à le mieux glorifier, à le mieux aimer, et à
chanter en tout temps et toujours ses gloires et ses bontés.
oooooOOOOOooooo
MON PETIT COFFRE !
Avec mon sac d’école dans le cou, je me croyais déjà un homme, surtout
la première année que j’eus le privilège d’en porter. Ce sac était fait
de gros coton solide, gris et « carotté », avec une longue corde
qui servait de suspensoir, par le moyen de laquelle on portait le sac simplement
suspendu à notre côté, ou nous tapant sur le dos. Les plus petits qui n’avaient
pas de sac n’étaient pas encore des hommes. Voilà pourquoi, quand maman me
fit le premier, je me considérai comme un grand écolier, pouvant parler et
marcher avec les plus âgés sans me faire dire des bêtises.
Dans le sac entraient toutes sortes de marchandises, je dirais : l’ardoise,
les livres et les cahiers, mais surtout le joli petit coffre fabriqué des mains
de papa. Ce petit coffre qui avait deux étages, et que l’on ouvrait en tirant
le couvercle et en le faisant pivoter sur une vis qui retenait les deux étages,
ce cher petit coffre était un véritable trésor. On l’ouvrait mille fois
pendant la classe pour admirer les petits ustensiles qui s’y trouvaient, et l’on
s’exposait même à se le voir enlever par la maîtresse, quand il devenait un
sujet de distraction. Oh! alors, plus de petit coffre, c’était la tristesse
qui s’emparait de nous, le cœur gonflé était prêt à éclater à la
première contradiction.
Dans ce joli petit coffre « paternel », on y mettait des crayons
d’ardoise, de plomb, des porte-plume et des plumes, des
« effaces » ou gomme arabique, et aussi de petits objets qui
pouvaient nous rendre service et quelquefois aussi nous nuire.
Les crayons qui étaient abrités sous le toit du joli petit coffre,
recevaient une vertu magique et nous rendaient habiles à écrire tout ce que
nous voulions. Ces crayons, sans doute, n’étaient que des instruments mus par
le bras, qui, lui, recevait la diction de la volonté. Mais ces crayons, ne l’oublions
pas, grâce au petit coffre, devenaient de petites baguettes magiques dans nos
mains et, après nous avoir rendu de réels services, ils retournaient retremper
leurs forces dans le magistral petit coffre de bois, fabriqué des mains de
papa.
oooooOOOOOooooo
LE PRINTEMPS ? L’ÉTÉ ? L’AUTOMNE ET
L’HIVER DE LA VIE
Chers enfants,
Pourquoi vous parler de l’automne de la vie, lorsque vous êtes à
peine nés sous le soleil joyeux du printemps? Vous n’ignorez pas, sans doute,
que la vie n’a que quatre saisons, le printemps, l’été, l’automne et l’hiver.
Dieu, le Créateur de tous les êtres, a semé dans l’espace des millions de
corps, les uns lumineux, les autres recevant la lumière de leurs voisins, et a
tout lancé dans l’univers avec un ordre tout à fait merveilleux. Mais
cependant, il a porté ses regards de tendresse sur la planète que nous
habitons, la terre. Pourquoi? Parce qu’il voulut en faire son jardin
privilégié, où il pût semer les plus belles fleurs sorties de ses mains, les
âmes humaines.
Pendant que des millions de ces petites fleurs divines naissent dans ce
jardin terrestre, des millions en même temps meurent et retournent dans le
Seigneur, d’où elles sont sorties. Les unes ouvrent leur corolle au printemps
et meurent immédiatement; les autres vivent jusqu’au printemps, où elles
reçoivent les chauds rayons de la grâce divine et s’étiolent dès que le
grand Jardinier retire la vie qu’elles possèdent. Il les reprend pour en
orner son ciel de gloire. D’autres, après avoir ouvert leur calice divin aux
rayons de la grâce du printemps de la vie, se prolongent jusqu’à l’automne
où les forces décrépitent et les obligent à fermer lentement ce calice,
cette corolle remplie des suaves parfums de la vie divine. Et quelques-unes
très rares vont jusqu’aux rigueurs de l’hiver qui les emporte d’assaut et
les transporte dans les régions célestes.
Vous qui lisez ces lignes, dans quelles catégories de fleurs serez-vous?
Chères petites fleurs, le Jardinier céleste vous laissera-t-il ouvrir vos
corolles pour embaumer tous ceux qui vous entourent? Resterez-vous droites sur
votre pédoncule jusqu'à l’automne de la vie, alors que vous commencerez à
fermer les ailes de votre corolle pour un repos prolongé? Connaîtrez-vous les
rigueurs de l’hiver, ou de la vieillesse? Dieu seul le sait. Ce qui est
certain, c’est que tour à tour vous serez cueillies un jour, on séparera
votre rose du rosier, votre âme de votre corps, et vous vous en irez orner le
jardin délicieux du ciel.
En attendant que l’on cueille la rose au rosier, ouvrez bien grande votre
corolle à toutes les chaudes inspirations de l’Esprit-Saint, afin que vous
puissiez conserver toujours le parfum divin dont votre âme est imbibée, depuis
le premier moment de votre existence. N’allez pas dépenser en plaisirs
frivoles les douces caresses que le Créateur a déposées sur chacune de vos
pétales, mais que votre parfum s’exhale de vous et monte vers les régions
célestes.
oooooOOOOOooooo
UN ROMAN DANS LA FORÊT DE GRANTHAM
En 1850, déjà plusieurs familles se partageaient les grandes forêts de
Grantham, dans la partie qui forme aujourd’hui la riante paroisse de Saint-Germain.
Quelques descendants du régiment des Meurons avaient déjà fait souche et
plusieurs familles d’Yamaska étaient venues défricher la terre et se tailler
un petit domaine pour leurs garçons. Il n’y avait pas encore de chapelle et
la misère était encore grande, vu la longue distance pour aller à l’église
et pour apporter le nécessaire aux familles. Cependant, on pourrait dire qu’alors
quelques-uns espéraient beaucoup en l’avenir et fondaient de grandes
espérances pour leurs enfants.
Il y avait une famille, entre autres, dans le sixième rang de Grantham, qui
semblait réussir plus que toute autre. Le père et la mère, pleins de vie,
travaillaient au bois et aux quelques arpents de terre faite. Les enfants
commençaient à grandir : deux grands gars d’une vingtaine d’années
se montraient courageux et vaillants comme leurs parents. Une grande fille de
dix-huit ans, était aussi d’une force extraordinaire, tout en conservant la
beauté de sa grâce et l’expression vive de ses yeux. Pendant deux ans elle
avait suivi un cours privé dans une famille canadienne de Drummondville, et s’était
fait remarquer par une mémoire perspicace, mais surtout par sa vive
intelligence, qui raisonnait tout à merveille. Sa présence au foyer rustique
mettait de la lumière et de la joie; ses grands frères ne pouvaient se lasser
de l’entendre raconter les beaux faits de notre histoire, si peu connue alors,
à cause de la rareté des journaux et des écoles, surtout dans des milieux
comme Grantham, dans la forêt immense. Ses leçons de patriotisme donnaient une
nouvelle ardeur à ces beaux gars de la forêt.
Plusieurs fois depuis un an, un beau chasseur avait fait des randonnées dans
le township de Grantham et s’était reposé chez les Clair du sixième rang.
Marguerite – c’était son nom --- jusque là l’avait reçu amicalement
comme tous les autres; mais finalement elle devint rêveuse de ce beau jeune
coureur des bois. Il parlait admirablement le français, bien qu’il ne fût
pas canadien-français.
Un jour, il rencontra seule la jeune fille et, la trouvant troublée de sa
présence, lui déclara ses amours et s’empara peu à peu de son cœur. Il la
retrouva plusieurs fois seule et leurs amours devenaient de plus en plus sérieuses,
tellement qu’un jour ils se déclarèrent fiancés des bois, et décidèrent
de faire toutes les démarches nécessaires pour leur mariage.
Le patriotisme du père, déjà intense, avait grandi sous les leçons d’histoire
que sa fille lui avait données souvent. Il voyait d’un mauvais œil cet
anglais parcourir souvent son domaine et faire la cour à sa fille chérie. Il n’avait
pas cru nécessaire d’avertir sa fille de se tenir sur ses gardes, et l’amour
avait poussé de fortes racines pendant ce temps-là.
Marguerite s’était laissé prendre au piège, bien qu’elle eût senti
intérieurement gronder la révolte de ses sentiments patriotiques.
--« Vous savez bien que jamais papa ne consentira à notre mariage,
nous ne sommes pas de la même race…..
--« Jamais » est un gros mot, mademoiselle, j’ai le sang
vaillant de mon père, le soldat par excellence, et je saurai bien briser tous
les obstacles.
--« Oh ! jamais vous ne gagnerez quoi que ce soit de mon père par la
rigueur : il est d’un patriotisme passionné, mais raisonné dans les
choses graves. Et c’en est une….
--« Je saurai bien l’en faire consentir amicalement, Marguerite…..
-- »Oh ! je le voudrais bien, mais……
--« Je lui ferai comprendre que nous sommes au Canada, Anglais et
Français, deux races égales et supérieures, appelées à faire une nouvelle
race qui se complétera par les qualités différentes qui nous caractérisent.
Ce mélange du français et de l’anglais, tous deux dominateurs de l’Europe,
créera un nouveau type canadien qui attirera l’attention des peuples….
--« Jamais mon père ne voudra admettre cela, il a ses raisons, lui……..
--« Et connaissez-vous ses raisons?
»Non, mais il m’a dit hier : Marguerite, ne va pas t’attacher
à cet anglais, jamais je ne consentirai à lui donner ma fille chérie,
mon unique fille des bois. J’ai des secrets que tu ignores…….
--Je reviendrai dans une semaine, attends-moi et confiance, ma Marguerite…
--« J’ai confiance en vous…….
Dès qu’ils furent séparés, l’atmosphère de gaieté, qui régnait
depuis si longtemps au foyer, devint plus sombre et plus pesant. Vraiment il se
passait quelque chose d’étrange dans le cœur de la jeune fille et tous les
autres s’en attristaient.
La semaine se passa et le jeune homme ne revint pas; Marguerite en devint
plus triste. Son père, qui ne pouvait plus souffrir un si grand malaise dans la
maison et dans tous ses travaux, résolut de régler ce cas avec sa fille. Un
soir que le soleil venait de sombrer dans une nuée de poudre d’or, et que les
parfums des fleurs sauvages embaumaient la nature, Marguerite reposait seule
près d’un orme géant, sur un banc rustique. Son père l’alla trouver et
lui dit bientôt :
--« Comme la nature est belle, Marguerite : nous sentons que l’amour
de Dieu entre en nous par tous les pores de la peau, par tous les sens. Et quel
repos, le soir, dans la forêt, quand, le jour, le devoir nous a demandé
quelque chose. Ce coin, tu le sais, a été défriché par mon père, ses
ancêtres venaient de la France; ils se sont établis sur les bords du
Saint-Laurent, et de génération en génération, ont taillé dans la forêt
des domaines pour tous leurs descendants. Déjà plusieurs clochers percent les
cieux sur toute la longueur du grand fleuve; et les jeunes colons s’enfoncent
dans les bois pour y ouvrir de nouvelles paroisses. Dans quelques années il y
aura une chapelle ici, comme il s’en élève tout autour de Drummondville. Ces
chapelles se construisent ainsi dans toute la province, et quand les Canadiens
seront encore plus nombreux, ils s’étendront dans tout le Canada. Marguerite,
c’est ça, la Patrie, ce n’est pas autre chose. Nous ne pouvons pas
déserter notre champ d’action sans devenir des traîtres au sol, aux pleins
berceaux, à la province, à la Patrie.
Regarde en avant de toi : vois la race qui sortira de tes veines et s’étendra
ici et là dans la forêt. Ou regarde encore en avant de toi, et vois tes
petites mains blanches de dame de ville, tu porteras dans le cœur le remords
rongeur qui ne cessera de t’aiguillonner et de te faire souffrir…. De plus,
outre la trahison de nos traditions, si noblement léguées, une nouvelle
trahison s’annonce et tu deviendras la femme de celui dont le père est l’assassin
de plusieurs des miens. Tu connais le vieux fusil pendu dans le haut de la
maison? Tu en ignores l’histoire : il fut dans les mains de mon frère,
qui défendait ses droits à Saint-Denis. Mon frère fut tué, son épouse
périt après un massacre par les Anglais ramassant toutes les armes qui
étaient aux mains des Canadiens. Ce vieux fusil fut sauvé du désastre par le
plus jeune, qui l’avait jeté dans un puits et me l’apporta un jour pour qu’il
nous donnât une leçon de patriotisme. Et l’anglais qui a fait tant de
ravages et de trouées dans ma famille, est le père de ton fiancé.
--« Oh ! que c’est terrible cela, je l’ignorais. Pourquoi ne pas me
l’avoir dit plus tôt, je ne me serais pas fiancée à cet anglais, et à
présent il est trop tard….
--« Il est trop tard, Marguerite? Il n’est jamais trop tard pour
reconnaître ses torts. Le devoir renferme l’amour sain et franc. L’amour
aveugle ne peut pas renfermer le devoir dans tous les cas, et c’est le tien.
--« Je souffre tant, mon père…….
--« Je sais que tu souffres beaucoup, je n’en suis pas surpris; la
lutte entre l’amour et le devoir est engagée en toi, et qui triomphera,
Marguerite? Ton amour aveugle, qui te rendra malheureuse et traîtresse, ou le
devoir, qui t’appelle et fera de toi une digne descendante de cette race
vaillante et noble, qui est appelée à former la chaîne des paroisses par tout
le pays, en fondant des foyers dans la forêt. Réfléchis, Marguerite, soulève
le voile de tes amours, qui te bouche la vue, et regarde le devoir devant toi :
cette forêt, qui recule en distribuant le pain aux jeunes; ces berceaux qui se
remplissent en peuplant le pays; ces clochers qui percent le ciel et font couler
sur nous des torrents de bénédictions, avec la paix et la joie dans le cœur;
regarde loin, bien loin au-delà de ton petit commerçant d’anglais, qui ne
manipulera que des piastres toute sa vie et qui ne saura jamais te donner le
bonheur caché dans ces bois. Réfléchis, ma fille….
--« Mon père, je choisis le devoir…….
Et le père, en essuyant de grosses larmes, embrassa sa fille chérie.
oooooOOOOOooooo
LA PREMIÈRE CULOTTE D’OSCAR
N’est-il pas légitime le désir de porter culotte quand on est homme?
Ce matin, Oscar peut vous dire, ce n’est plus « Ticor », mais
Monsieur Oscar, il porta la première culotte. Et n’allez pas lui reprocher qu’il
fut un temps où le petit homme était comme une fillette avec son juponet de
points et de dentelles.
Aujourd’hui, à la maison, il n’y a plus d’enfant, car le dernier,
sorti du ber, porte maintenant la culotte. Voyez-le, les pouces à la bretelle,
ou les poings sur les hanches, vous regardant avec des yeux nouveaux, ayant une
malice feinte et semblant vous dominer de son attitude masculine.
--« Papa, regardez-moi, je ne suis plus en robe, ce n’est plus moi…… »
Il dit bien vrai : ce n’est plus lui. La maman, au coin de la salle,
le regarde et une larme perle au coin de son œil : son dernier oisillon
vient de battre les ailes, il est déjà prêt à s’envoler dans un monde tout
nouveau pour lui. Désormais, il ne tiendra plus à tant de caresses maternelles,
il s’efforcera de suivre son père, à l’observer, à l’imiter, à lui
poser mille et une questions naïves et intelligentes. Cette petite
intelligence, jusque là vide pour ainsi dire, va se remplir peu à peu et faire
l’apprentissage de la vie.
Le père sourit à son enfant :
--« Oui, mon « Ticor », tu n’es plus un bébé, je ne te
reconnais pas; Est-ce Ticor qui est devant moi, la femme?……
Oscar va et vient dans la maison, sort sur la galerie extérieure et cherche
quelqu’un à qui se montrer. Il est debout au coin du perron, le chapeau
déjà sur le coin de la tête, une main dans sa poche, l’autre à la bretelle
et promène son regard qu’il s’efforce à rendre plus dur. Et la maman qui l’observe
tantôt de joie, tantôt de peine, sourit à travers une larme.
La première culotte n’est-elle pas le premier plumage de l’oiseau qui
quitte le nid et tombe au milieu de mille dangers nouveaux? Oh! si l’enfant
savait, il ne s’efforcerait pas à faire si vite son homme. Il aimerait, s’il
savait tout, à rester plus longtemps sur les genoux de sa mère, où est le
vrai bonheur, la vie sans mélange, l’âme comme celle des anges, la candeur
gravée au front, la pureté rayonnant dans les yeux.
oooooOOOOOooooo
MON ENTRÉE AU SÉMINAIRE
Combien de fois, tout petit, j’ai rêvé au séminaire de Nicolet, dont je
n’avais pour toute connaissance que la photographie sur une petite carte
postale. Combien de fois, rêvant à l’ombre de mes deux saules, je me suis
dit : J’irai, si Dieu le veut, m’asseoir sous les pins que le poète
Fréchette a chantés autrefois. J’irai dans cette immense maison où les
écoliers prennent leurs ébats, étudient et prient.
Le Seigneur me fit cette grande grâce; je partis un jour pour le séminaire,
accompagné de l’ami Hector Laferté, qui, ayant terminé ses études en juin
précédent, allait revoir ses amis en soutane avant de commencer ses études de
droit.
Je partais joyeux : quand on part pour la première fois, sachant de
revenir au foyer, on croit bien que le temps passera très vite, et le chagrin
ne se fait sentir que lorsque nous sommes complètement séparés des nôtres.
Je partis donc par le train de l’avant-midi. A bord, en passant à
Drummondville, il y avait un écolier avec costume et ceinture verte. Je m’efforçai
de bien paraître pour lui faire bonne impression. Mais cet autre en faisait
autant que moi, tout rempli de crainte qu’il était, il était, comme moi,
nouveau…… Deux beaux « naveaux » comme diraient les « anciens »…..
Pendant que je m’approchais lentement et avec tremblement, mon nouveau en
faisait autant et s’approchait aussi avec tremblement. Je risquai une
question, il risqua une réponse, et finalement, nous nous donnâmes la main,
bien convaincus que l’un n’était pas plus fin que l’autre.
Nous voilà deux amis, Donat Charland de l’Avenir et moi. A Saint-Léonard,
nous allons aussi au même hôtel pour dîner et attendre le train de deux
heures, nous conduisant jusqu’à Nicolet. Et nous causions de choses que nous
ne connaissions pas, comme deux savants voyageurs. Un troisième écolier s’emmena
à nous, en parlant en anglais. Oh! il va falloir se placer, un anglais avec
nous. Mais ce nouvel arrivé dut reprendre sa langue maternelle qu’il parlait
comme nous la parlions; c’était un petit « canayen » de l’Amérique……..
A bord du dernier train, nous nous tenons, les nouveaux, bien tranquilles
dans notre coin; les anciens viennent nous saluer, nous demander notre nom, et
nous nous efforçons de bien répondre, en leur portant le plus grand respect et
en tenant bas notre chapeau. Leurs sourires sont un peu moqueurs, mais qu’importe!
nous serons comme eux un jour, des anciens. En attendant, soyons de bons
nouveaux.
--« Nicolet, Nicolet, tout le monde débarque, n’oubliez rien dans
les chars…….. »
Tous se précipitent vers les portes. Les anciens, les premiers naturellement.
Et nous voilà à Nicolet. Nous ouvrons bien
grands les yeux et regardons tout ce qui se dresse devant nous, et nous suivons
la foule qui se dirige du côté du séminaire. Hector Laferté ne me quitte
pas, il me jette de temps en temps un œil bienveillant, tout en causant avec
ses vieux amis.
Tout à coup, un mur énorme se dresse à notre droite, au milieu de grands
arbres et dans une lumière abondante de soleil. C’est le vieux séminaire, l’Alma
Mater, comme disaient les plus vieux. Jamais je ne pourrai croire que je vais
entrer dans une si grande maison, entre des murs aussi lourds et aussi longs.
Enfin, nous approchons : le dôme et le petit clocheton semblent nous
appeler et nous parler dans leur langage : une petite cloche vibre dans les
airs, j’apprends que c’est la cloche du collège, je la prends pour celle
des chars.
En entrant dans le premier corridor, ma première impression fut douloureuse :
je revis d’un coup d’œil ma petite maison de campagne, mes vieux saules,
mes parents et mes amis. Plus rien de tout cela, me voilà dans une prison, c’est
là mon impression première. Le cœur gonflé, je suis les autres et je rentre
chez le directeur. En apercevant ce gros curé noir, je fus un peu consolé,
tant il avait bonne mine en apparence. Il me parla avec bonté et me questionna
rapidement sur ma paroisse et ma parenté, sur mon âge, etc, et il écrivait
tout ce que je lui disais. Ce n’était pas le temps de mentir. Mon entrée
était faite et j’étais admis au séminaire; me voilà donc écolier pour
tout de bon.
Mon ami Hector me laissa au milieu de tous les autres en me disant « aurevoir »,
après m’avoir donné de bons conseils. Me voilà marqué du signe d’écolier
nicolétain et lâché dans un troupeau de jeunes moutons venant de tous côtés.
Pas un seul ami, pas une seule connaissance, pas un seul parent, ni co-paroissien.
C’est le cas de dire que j’étais « sans connaissance » quand je
suis entré au collège.
Je garde pour un autre chapitre ce qui regarde les faits et gestes du
collégien. Qu’il me suffise de dire que j’étais bien découragé de me
sentir « seul » dans un milieu de trois cents élèves, avec une
vingtaine d’ecclésiastiques et plus de vingt professeurs prêtres. Et dire
que je suis encore ici après vingt-deux ans……..
La conclusion, c’est que l’homme a beau s’agiter, c’est Dieu qui le
mène et lui trace la voie qu’il doit suivre. Maintenant, je puis dire avec
les anciens :
O Nicolet qu’embellit la nature,
Oui sous les frimas comme sous la verdure,
Tu plais autant que la première fois.
Qu’avec transport toujours je te revois.
oooooOOOOOooooo
LE SOMMEIL DE L’ENFANT
--« Ne parlez pas si fort, bébé dort »….
Et nous courrions au ber voir dormir bébé. Les deux derniers que nous avons
vu dormir, ce fut Cécile et Oscar. Y a-t-il dans toute la maison un meuble que
l’on aime autant que le ber? C’est le seul meuble, à la vérité, qui
reçoit les plus beaux sourires, les plus belles joies, les questions les plus
naïves des petits. C’est devant le ber que la maman fait les plus beaux
rêves en regardant reposer son enfant.
Devant le berceau où repose un tout petit enfant, notre âme est saisie des
plus douces émotions. Ce front d’ange si calme, si pur, ces yeux aux longs
cils baissés, ces joues fraîches comme la rose, ces lèvres vermeilles d’où
s’échappe le sourire, tout cela, en effet, n’est-il pas de nature à
exciter notre admiration, à provoquer l’attendrissement?
Le sommeil d’un enfant! Quoi de plus suave, de plus charmant sur la terre,
et quel spectacle serait plus propre à nous toucher, plus capable de nous faire
regretter cet âge heureux où nous ne savions rien encore des tristesses de la
vie!
La sérénité de son visage, sa pose pleine de gracieux abandon captive le
regard et témoigne hautement de sa candeur et de son innocence virginale.
Parfois, il tend ses petits bras en avant et pousse des exclamations joyeuses.
Cher enfant! il est heureux dans son sommeil; sans doute, il pense à sa mère,
à tous ceux qu’il aime, il voit son bon ange, et son tendre cœur se dilate.
Mais cette joie naïve, qui illumine son gracieux visage et l’entoure d’une
céleste auréole, n’a-t-elle donc pas une autre cause? C’est que le génie
du mal ne l’a pas encore frôlé de son aile impure. Les noirs chagrins n’ont
pas assailli son âme, les passions dévorantes n’ont pas atteint son cœur;
il ne connaît encore que les agréments de la vie; jouer, folâtrer, aimer,
caresser, composant uniquement les chaînons d’or de sa radieuse enfance.
Ah! pauvre enfant, fasse le ciel que ton paisible sommeil ne soit jamais
troublé par les angoisses et les tortures du remords. Si ce malheur te frappait
un jour, c’est qu’alors tu aurais trempé tes lèvres avides à la coupe
empoisonnée du vice, oublié tes devoirs, manqué à tes engagements.
Non, dors, enfant radieux, dors longtemps, dors toujours, plutôt que de
souiller l’image divine qui est dans ton âme.
Et nous, efforçons-nous de ressembler à ces petits, si nous voulons avoir
une part au royaume du Christ, promis à ceux qui leur ressemblent.
oooooOOOOOooooo
LA TEMPÉRANCE DE PAPA
Il y a quelques années, une campagne de tempérance fut lancée par tout le
pays pour inviter les Canadiens à cesser de boire les liqueurs enivrantes.
Cette tempérance fit un bien énorme : tous les jeunes gens en firent
partie et l’on vit disparaître ces scandales de tous genres qui s’abattaient
sur nos jeunes gens. La Croix Noire brille dans presque tous les foyers de nos
jours. Et bien que le gouvernement ait noyé le pays de buvettes de toutes
sortes, la tempérance, pour ceux qui ont de l’honneur, est restée l’arme
principale qui nous défend contre ces envahisseurs des esprits et des cœurs.
Je me rappelle, j’étais bien petit, que papa prit un jour son dernier
verre de bière, bien qu’il n’en prit presque jamais. Je ne sais ce qui se
passa en lui, mais à partir de ce jour il cessa de prendre toute boisson, il ne
se réserva que le thé, les « ponses » aux herbages ou au gingembre
et l’eau pure du ciel. C’est sans doute une promesse qu’il fit pour
longtemps, car depuis ce temps, jamais il ne voulut « souiller » de
quelque manière que ce fut sa bouche ou son palais, et toujours il continue à
donner cet admirable exemple à tous ses enfants et à tous ses petits-enfants.
Sans doute, il voyait grandir ses garçons, et il crut que le bon exemple
était plus fort que n’importe quel beau discours. Il ne se trompait
pas : il n’y eut jamais dans la famille d’enfants enclins à la boisson
enivrante, et c’est grâce, pour une large part, à la tempérance totale de
papa. Il a compris ces graves paroles d’honneur :
Sainte Croix de la Tempérance,
Nous venons sous tes bras
nous grouper en ce jour,
Qu’il monte jusqu’à Dieu
ce cri plein d’assurance :
Canadiens tempérants toujours.
Et j’étais bien fier d’imiter l’exemple de papa, lorsque, au collège,
je prenais la tempérance jusqu’à l’âge de trente ans et je vous assure
que je n’y ai jamais manqué pendant tout le temps que dura cette promesse. Et
n’étant pas « brûlé » par cette boisson, et n’ayant pas
contracté l’habitude de prendre de la boisson dans ma jeunesse, je resterai
fort, Dieu aidant, pour ne jamais abuser de ces liqueurs, qui souvent troublent
la raison.
En avant, marchons.
Soldats du Christ, à l’avant-garde
En avant, marchons,
Le Seigneur nous regarde
En avant bataillons.
oooooOOOOOooooo
DEUX PETITS CONFESSEURS
DE LA FOI
Cette histoire fut écrite par mon confrère Jean-Marie Forcier, et j’aime
à vous la transmettre, puisqu’elle chante la vaillance de la foi profonde de
deux petits enfants volés.
L’empire romain ne fut pas seul à avoir des héros et des martyrs, le sol
brûlant de la vieille Afrique fut aussi plus d’une fois rougie par le sang d’héroïques
chrétiens. Cette histoire touchante est celle de deux petits enfants volés par
des pirates et vendus à des marchands mahométans, à des Turcs de Tunis.
Séparés de leurs parents, loin de leur patrie, Edouard et Henri, c’était
leurs noms, gardaient la tente en Orient. Depuis trois mois déjà que durait
leur captivité, aucune voix amie n’était venue les consoler dans leur triste
captivité. Bien souvent ils se sont couchés avec des larmes dans les yeux.
Leurs maîtres durs et cruels les battaient souvent et les faisaient
travailler au-delà de leurs forces. Par un hasard providentiel, les deux
marchands qui avaient acheté ces petits enfants étaient voisins. Or, pendant
un long voyage qu’ils firent à travers les déserts, les deux petits captifs
purent se visiter et se consoler, car l’esclave qui avait charge de les
surveiller et de les faire travailler durement se donnait à la boisson et s’enivrait
souvent. C’était pendant le sommeil de cet ivrogne que les petits se
visitaient. Vous pouvez juger de la surprise et de leur joie quand ils se
rencontrèrent pour la première fois, car ils étaient loin de se croire si
près l’un de l’autre. Ils s’embrassaient et se racontaient leurs misères.
Le petit Edouard était anglais et protestant; l’autre était catholique.
--« Ainsi, ton maître t’a battu dix fois? Il est bien méchant….
--« Ah, oui; bien méchant, il ne veut pas du tout que je prie le bon
Dieu; il veut que j’adore son Mahomet. Chaque fois qu’il me surprend à
genoux, il me bat. Le tien, est-il meilleur? Te laisse-t-il .prier la Sainte
Vierge?
--« Mais…..je ne connais pas la Ste Vierge, moi. Pourquoi la prier?
--« Pour qu’elle vienne à ton secours. Si tu l’invoquais, elle te
soutiendrait et tu aurais la force de ne pas te plaindre, ni pleurer. On sent de
la joie dans le cœur quand on souffre avec elle.
--« Tu me parleras de ta Ste Vierge demain, il faut que je parte, car
le gardien va bientôt s’éveiller.
--« Oui, petit frère, demain je t’en parlerai; n’oublie pas ta
demande……. »
Les deux petits étaient devenus inséparables, et non seulement s’instruisaient
l’un l’autre de leurs malheurs et des principes de la religion catholique,
mais ils trouvaient le moyen de déserter souvent et d’aller s’instruire
auprès d’un vieux missionnaire dans le village suivant. Le petit et le vieux
prêtre firent tant et bien qu’ils réussirent à convertir et à baptiser le
petit anglais.
Et maintenant, la joie était encore plus grande dans le cœur du petit
Henri, car Edouard était catholique et très fervent. Ils pleuraient
quelquefois ensemble, mais se consolaient vite dans la prière à deux.
Les marchands étaient revenus de leur long voyage et les cruautés allaient
recommencer des plus belles.
Un soir que le petit converti était à prier au clair des étoiles, il
entendit les marchands discuter dans la tente voisine. Or, comme il songeait qu’il
pourrait être question de lui et de son ami, il s’approcha et entendit ceci :
--« Ainsi, tu les as vus aller chez le missionnaire catholique tous les
deux ensemble? Ta tête doit répondre de la vérité.
--« Je suis convaincu de la chose, ils ont vu le missionnaire……..
--« Il faut les arrêter, ils vont se faire catholique……Malheur à
eux!
Edouard, se tenant la main sur le cœur, demanda du secours à la Sainte
Vierge et lui promit de mourir plutôt que de renier sa foi au Christ.
--« Quoi, dit le maître, tu écoutais ce que l’on disait? Tu as tout
entendu? Est-ce vrai ce que l’on vient de me dire?
--« Oui, c’est vrai », balbutia Edouard.
--« Je ne veux plus que tu voies ce prêtre des chrétiens, il te
rendrait comme lui, il est l’ennemi de ma race, il veut détruire l’œuvre
de Mahomet. Je te défends aussi de prier ; me le promets-tu?
--« Je ne le puis.
--« Tu ne veux pas m’obéir? Ne sais-tu pas que je suis ton maître
et que je puis te faire mourir à l’instant?
--« Je le sais, maître, mais jamais je ne renierai ma foi. Je suis
chrétien pour toujours, je mourrai si vous le voulez.
--« Ah! petit infâme, dit le maître cruel avec un cri de rage dans sa
poitrine, tu mourras de ma main. Esclaves, qu’on fouette ce petit chrétien
jusqu’au sang……. En as-tu assez, malheureux?
--« Je n’en aurai jamais assez pour renier mon seul et vrai maître,
le Christ.
Sur un nouvel ordre, les esclaves reprirent leur fouet et le frappèrent
tellement fort que le petit converti défaillit et tomba dans son sang, qui
rougissait le sable brûlant. Pendant trois jours, son maître le priva de
nourriture.
Un anglais voulut l’acheter, mais le Turc posa une condition, qu’il se
fit mahométan avant de partir. Mais l’enfant jura que jamais il ne sera assez
lâche pour renier sa foi; il ne voulut pas même feindre le reniement pour
avoir plus facilement sa liberté. Sur les instances de l’anglais, Edouard se
sauva plus loin, crainte de faiblir devant tant d’avantages de liberté. Il
arriva à la tente de son petit compagnon, qu’il trouva, lui aussi, tout
sanglant, et étendu sur le sol. Son cœur se gonfla, il faillit éclater en
sanglots. Il se pencha et demanda à Henri s’il avait renié sa foi. Son ami
lui répondit dans la négative. Tous deux jurèrent, dans leur sang mêlé, de
mourir ensemble plutôt que de renier leur foi. Ils se sentent plus forts
maintenant.
Ils furent un mois sans se voir, souffrant tous deux de blessures très
graves. Lorsqu’ils purent se rencontrer, ils se sauvèrent tous les deux chez
le vieux missionnaire pour se confesser et communier. Le missionnaire, voyant
tant de foi et de courage dans ces deux petits martyrs, préférait leur
demander des prières plutôt que de leur donner des conseils. Il les communia
tous les deux. Ils partirent rayonnants de joie et de bonheur. Chemin faisant,
Edouard tomba aux mains cruelles de son maître, qui le mena à la torture,
devant plusieurs musulmans qui se repaissaient de tant de douleurs.
Edouard eut les ongles arrachés, les dents brisées brutalement dans la
bouche, la chair labourée avec un instrument de fer chauffé à blanc. Et le
petit, bien qu’il échappât des cris de douleurs, souriait à son maître et
priait pour lui. Quand Edouard fut tout saignant et affaibli par tant de
blessures, son maître lui cria :
--« Maintenant, choisis, Mahomet ou la mort, plus de milieu…….
--« La mort », reprit le petit martyr avec une voix si douce que
son maître s’avoua vaincu.<
Le petit Edouard ne mourut pas de ce coup. Dieu voulut les garder tous les
deux pour se consoler réciproquement dans leur captivité et leurs souffrances,
et aussi pour faire comprendre à ces brutes inhumaines qu’étaient leurs
maîtres que le vrai Dieu est celui des chrétiens. Deux mois plus tard, tous
les deux petits martyrs allaient chercher leur palme du martyre.
oooooOOOOOooooo
EPHEMERIDES
Laissez-moi énumérer les événements extraordinaires qui se déroulèrent
depuis le fondement de ma paroisse natale. Vous y trouverez un mélange de faits
et gestes, de circonstances heureuses et malheureuses, de naissances et de
décès, de joies et de tristesses, de surprises et d’indifférences.
1852 |
Première chapelle à Grantham; |
1854 |
Proclamation du dogme de l’Immaculée Conception de Marie; |
1854 |
Proclamation de l’Infaillibilité du Pape; |
1854 |
Abolition de la Tenure Seigneuriale, pour ne laisser que certaines
rentes et Cens, « achetables ». |
1854 |
Première église à Saint-Germain; |
1860 |
Naissance de papa (Clément) à Contrecoeur; |
1866 |
Naissance de maman (Alexina Gendron) à St-Antoine; |
1867 |
Proclamation de la Confédération; |
1870 |
Zouaves pontificaux canadiens; |
1885 |
Mariage de mes parents, à St-Antoine, Que. |
1885 |
Érection du diocèse de Nicolet; |
1886 |
Naissance de Joseph, à St-Antoine, décédé en bas-âge; |
1886 |
Arrivée de mes parents à St-Germain; |
1887 |
Naissance de Clairina, (12 août); |
1888 |
Naissance de Baptiste (9 août); |
1889 |
Naissance de Maria, (23 sept); |
1891 |
Naissance de Elzéar (31 juillet); |
1893 |
Naissance de Rosa (17 janvier); |
1893 |
Premières culottes, hum!…. |
1894 |
Naissance de Rodolphe (26 avril), et décédé en bas-âge; |
1895 |
Naissance de Wilfrid (18 oct.); |
1897 |
Mort de la Reine Victoria; |
1897 |
Naissance de Blandine (30 sept.); et décédée en bas-âge; |
1898 |
Mon premier voyage à l’école; |
1899 |
Naissance de Oscar 1er (30 Juil); et décédé en bas-âge; |
1901 |
Naissance de Cécile (30 janvier); et décédée à l’âge de 4 ans. |
1902 |
Naissance de Oscar 2ième (14 septembre); |
1902 |
Ma première communion; (8 juin); |
1902 |
Ma confirmation, (9 août); |
1903 |
Ma première « blonde », hum! hum! |
1904 |
Premier voyage à Ste-Anne de Beaupré; |
1906 |
Mon entrée au collège; |
1906 a 1910 |
Mariages de Clairina, de Maria et de Jean-Baptiste; |
1910 |
Adieu de ma petite sœur Rosa pour entrer chez les Petites-Sœurs des
Pauvres, à Montréal; |
1911 |
Décès de ma tendre et bonne mère le samedi, 27 mai, le sur-lendemain
de l’Ascension, à quatre heures du matin, en l’absence de Baptiste
(Woonsocket), de Rosa (Montréal) et de moi (Nicolet) |
1911-1912 |
Séjour chez ma sœur Maria et chez mon beau-frère Andéol, en
attendant que les portes de la maison paternelle fussent ouvertes; |
1913 |
Retour de Jean-Baptiste des États à la maison paternelle, où nous
retournons, papa, Oscar et moi. |
1913 |
Joie et bonheur, en même temps que honneur pour moi, en devenant le
parrain de Melle Thérèse Béliveau, qui était accompagnée de sa
gracieuse petite sœur Françoise; (avec la belle Georgette….) |
1914 |
Prise de la soutane en septembre; |
1917 |
Ordination sacerdotale, (23 septembre); |
1917 |
Première messe à Saint-Germain (24 SEPTEMBRE); |
1917 |
Vicariat à St-Wenceslas du 3 octobre au 27 février |
1918 |
Vicariat à Warwick, 27 février, au 7 juillet |
1918 |
Appelé au séminaire de Nicolet comme professeur; |
1918 |
Grippe espagnole : séjour à Warwick; |
1921 |
Opération (appendicite) à l’Hôtel-Dieu du Précieux –Sang de
Québec, par les docteurs Rousseau et Simard; |
1922 |
Voyage à Baltimore, chez les Petites Sœurs des Pauvres, où j’ai la
grande joie de vivre trois jours avec la petite sœur Marie-Clémentine; |
1923 |
Vente de la vieille maison paternelle; au village, et achat d’une
terre à Saint-Majorique, par Baptiste; naturellement, en faisant suivre
le papa, il fait suivre toutes nos affections et nos attractions; |
1924 |
Promu au directorat, au séminaire, le 26 janvier, pour le bonheur des
uns et le malheur des autres….. |
1925 |
Ministère à Auburn, Maine, pendant les vacances, où je me suis
créé trois nièces, pour que ce temps ne parût pas trop long, en
demeurant sous la douce illusion que je vivais la vie de famille; |
1926 |
Conventum des confrères au séminaire de Nicolet, où nous revivons
pendant trois jours tous les beaux jours de notre jeunesse passée au
vieux séminaire…… |
1927 |
Nommé professeur en Syntaxe, où je retrouve mes anciennes amours, en
septembre 1927; |
1929 |
Fin de la captivité du Pape, traité avec le siège d’Italie et
Concordat; |
1930 |
Démission comme professeur – Desservant à St-Elphège 27 août au
17 oct. Vicaire à l’Avenir, le 18 octobre au 11 mars 1931 |
1931 |
Vicaire à Gentilly. Le 11 mars au 26 janvier 1933 |
1933 |
Vicaire à Pierreville le 26 janvier |
1933 |
Curé à Ste-Élisabeth de Warwick, Co. Arthabaska Qué le 28 février |
1942 |
Nommé Curé à Wickham Ouest le 7 octobre 1942. |
1942 |
25ième anniversaire de prêtrise : fête à Ste-Élizabeth,
lors de mon départ pour Wickham. Fêté à St-Germain par la parenté
chez la famille Béliveau. Fêté à Wickham par les enfants et toute la
paroisse en 1943 |
oooooOOOOOooooo
CE QUE FIT MON PÈRE
Si l’homme, dans ses vieux jours, pouvait accumuler tout son ouvrage devant
lui, il serait surpris du résultat de ses labeurs. Je parle de l’homme qui
travaille et ne s’arrête jamais. Tel un ruisseau qui coule doucement ses eaux
vers la source qu’il alimente; toujours l’onde roule en ses flancs et se
précipite vers son but, sans jamais se lasser. Connaître les millions de
tonnes d’eau que le petit ruisseau transporta en un siècle apporterait l’étonnement.
L’homme qui obéit, toute sa vie, à la grande loi du travail amasse des
résultats prodigieux, tout en faisant la volonté du bon Dieu, tout en
travaillant pour sa famille et sa patrie, en gardant le bonheur autour de lui,
et en conservant la paix dans son âme. Cet homme accomplit la volonté divine
en se rappelant les paroles de son Créateur : « Tu mangeras ton pain
à la sueur de ton front ».
Mon père fut cet homme et continue à l’être et le sera tant qu’il lui
restera un souffle de vie. Bien qu’il soit encore vivant, sa grande humilité
me défendait de proclamer bien haut ses vertus; mais il connaît mes intentions
et saura me pardonner. Je veux simplement jeter autour des neveux et nièces
quelques rayons des vertus qu’il a pratiquées si héroïquement, afin de les
inviter à suivre ses traces et à fournir des mailles solides à la chaîne qui
nous relit si noblement à nos ancêtres, en remontant jusqu’aux Français
venus sur la terre nouvelle du Canada français.
Originaire des vieilles paroisses qui longent le majestueux Saint-Laurent,
mon père reçut un sang de vrai chrétien, de vrai patriote, un sang vaillant
qu’il fait couler dans une race déjà nombreuse et admirable. Quarante deux
petits-enfants sont là pour attester ce que j’écris. Grand’père est un
soleil au milieu de sa famille rieuse et vaillante, il projette sur tous les
petits des rayons de chaleur qui alimentent l’amour des belles choses, qui
attachent fortement au foyer, qui inclinent les esprits vers le noble travail;
Grand’père reste la principale force de l’union des cœurs de toute la
parenté; avec lui, c’est la vie familiale; sans lui, ce sera l’indifférence
qui apportera des malaises. Que l’on voit donc en lui une lumière, une force
et un encouragement.
Parti de Saint-Antoine avec sa petite épouse, traversant les sombres forêts
pour se rendre à Saint-Germain et y fonder là son foyer, s’y tailler un
petit lopin de terre pour subvenir aux besoins de sa famille, qu’il espère et
désire de tout son cœur, il ne recula devant aucun obstacle qui venait lui
barrer le passage. La terre ne lui fit pas peur. Pendant sept ans il ensemença
sa petite terre pendant qu’il voyait arriver au foyer des bébés tout
rayonnant de santé et de gaieté.
Après ces années de labeur sans nombre, il calcula son affaire et crut bon
de revenir à ses premières amours, c’est-à-dire, à son métier de
menuisier. Ses preuves étaient déjà faites, puisqu’à la maison paternelle,
il avait déjà fabriqué de ses mains toutes sortes de petits meubles et avec
avantage. Il vendit donc sa petite terre ingrate et alla s’établir au
village, où ses enfants étaient tout près de l’école et de l’église et
où il était en meilleur état de leur donner du pain par son métier de
charpentier, que Joseph et Jésus ont béni de leurs mains et de leurs sueurs,
et ont sanctifié de leur amour et de leurs vertus.
Papa partait au lever du soleil, le lundi matin, pour aller à son ouvrage,
le plus souvent aux extrémités de la paroisse; il partait, mais n’était
jamais assez pressé pour omettre sa prière. Que de fois nous nous sommes
éveillés en entendant sa douce chanson monotone de la prière du matin; il
aimait à prier et prier tout haut. C’est cette prière qui lui donnait la
santé, la force et le courage. Toute la semaine absent, il nous revenait le
samedi soir très tard et très fatigué, mais avec le sourire sur les lèvres
et la joie dans le cœur, à la pensée de son travail si bien accompli et à la
vue de ceux qu’il aimait tant à revoir, son épouse chérie et ses chers
petits enfants. Et toute la belle saison se passait ainsi. En hiver, nous avions
le plaisir de le posséder plus longtemps, puisqu’il faisait de sa cuisine d’été
son atelier pour fabriquer toutes sortes de meubles ou d’ouvertures de maisons,
qu’il distribuait au printemps ou qu’il allait installer lui-même.
Un soir, le bon Alcide se chargea de le questionner pour avoir de lui un
résumé des travaux qu’il avait accomplis ici et là depuis qu’il avait
souvenance…..Laissez-moi énumérer ce résumé qu’Alcide me transmit :
C’est papa qui fit presque tous les meubles qui ornementaient sa demeure au
village, tels que les tables, les chaises, le ber, la petite couchette, la huche,
le métier, le sofa, le garde-manger. Il avait commencé par construire la
« boutique », d’où sortaient tant de travaux fabriqués de ses
mains.
Chez lui, il avait déjà construit plusieurs instruments tels que des
cribles, un van (qui est chez oncle Arthur), des brayes pour le lin, et toutes
les choses qui pouvaient se faire des mains, il en faisait.
Et c’est en chantant qu’il travaillait :
T’en rappelles-tu, la belle,
Quand nous étions tous deux,
Le soir à la chandelle
Comme deux jeunes amoureux.
Il a plané 80 toises de bardeaux, il a fait tous ses outils de travail, tels
que varlopes, rabots, galère, tous les outils de bois. Il a fabriqué des
moulins à beurre, moulins à laver, cuvettes, seaux, plats pour sucreries, une
voiture d’hiver d’officier, de gros berleaux, de petits, des bob-sleighs, de
petites traînes, berleaux entourées, grandes charrettes, tombereaux, roues de
toutes sortes, brancards pour les foins, de petits râteaux, des fourches en
bois, (chez lui), des montures de fusils, et souvent sur l’air de :
Un Canadien errant,
Banni de ses foyers,
Parcourait en pleurant
Des pays étrangers.
Trouvant l’ouvrage de plus en plus rare en campagne, il se décida d’aller
travailler à la manufacture Landry au village, où il eut l’occasion de faire
encore toutes sortes de travaux manuels, qui allaient avec son métier, et
surtout avec son adresse. Il dit avoir tout fait, excepté des violons et des
tambours. Et pendant ces six années passées au sein de sa famille, on eut le
plaisir et le bonheur de jouir de sa présence. C’est dans ces veillées que
nous lui demandions de nous conter des histoires. Il commençait ordinairement
par celle-ci : « Conte Lariconte, la chienne à mon oncle a fait un
petit pâté, celui qui parlera le premier le mangera ». Tous se taisaient
pendant quelques minutes, pendant qu’il riait dans sa barbe, ou pendant qu’il
allumait son « bougon » au tison rouge, qu’il renvoyait dans le
poêle en le lançant avec sa main, sans se brûler. Et quand le premier avait
mangé le petit pâté, il commençait une histoire! mais celle qui fit le plus
d’impression en nous c’est « Le Petit Cheval Vert ».
Il fit des cercueils et des fausses, des damiers, des chaloupes, des
échaudois, des manches de fourches, de « brokes », de pelles, de
grattes, des buffets, des garde-manger, des « commodes », des garde-robes.
Et Alcide ne craint pas de dire « qu’il a haché plus de cinq cents
livres de tabac », « qu’il a tranché bien du pain ». Il s’est
fait des pipes en bois, il a ramanché une presse à foin, réparé des
fromageries, fabriqué des chevalets à scie, et tout cela en turluttant des
airs tels que :
Je ne suis plus galant, je n’ai plus de maîtresse,
Celle que j’ai aimé m’a donné mon congé.
Mais ce qui est fort intéressant, c’est le travail de charpentier, de
menuisier, qui permit à papa de construire des maisons, des cuisines, des
granges, des dépendances de toutes sortes qui peuvent se voir chez les
cultivateurs. Quand nous parcourons le beau chemin d’Yamaska, dans la partie
de Saint-Germain, nous pouvons voir une série de belles maisons de style
semblable ou à peu près. Toutes ces maisons sont construites par mon père, du
moins le plus grand nombre. Ce style de maison est vraiment un genre canadien qu’il
faudrait conserver de préférence à ces nouvelles habitations de style inconnu
et qui sont réellement des boîtes, où l’on renferme du monde vivant.
Mais la maison que construisait mon père avait les formes suivantes : D’abord
le grand’maison avait un étage, avec pignon, lucarne et galeries couvertes.
En arrière s’ajoutait la cuisine, de même forme, dont le pignon venait
couper en angle droit le pignon de la maison, et assez de côté pour permettre
que la porte de sortie communique avec la galerie de la grand’maison.
Plusieurs cuisines portaient aussi la lucarne. Ces maisons, bien habillées de
peintures fraîches et plaisantes, sur un « clabord » de saines
planches, donnaient un grand logis, chaud et hygiénique, bien éclairé et bien
divisé. Ces maisons sont certainement celles qui conviennent le plus à nos
cultivateurs, tout en admettant qu’elles surpassent, en coquetterie, un grand
nombre de nouvelles maisons imaginées à l’américaine.
C’était pour les nouveaux ménages que papa construisait ces nouvelles
demeures, et c’est pourquoi on l’entendait chanter, mais très bas, ces
chansons canadiennes qui renferment l’âme des paysans, telles que :
A la claire fontaine,
M’en allant promener,
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné.
ou bien encore :
C’est la belle Françoise :
ou encore l’une de ses chansons favorites, écrites dans un autre chapitre.
Quand on travaillait près de papa, on se croyait au théâtre, c’était un
peu comme aujourd’hui, où l’on entend le graphophone ou la radio à la
maison, avec cette différence que nous avions l’artiste sous les yeux et son
propre chant dans les oreilles. C’était la joie qui régnait dans son travail
et autour de lui. Ainsi, le temps se passait plus vite et plus agréablement. D’autant
plus que cette gaieté au travail était en même temps l’indice d’une belle
âme et d’un caractère riche et précieux. Comment les cultivateurs ne
pouvaient-ils pas encourager au travail un tel ouvrier, lorsqu’ils savaient
que le « Père » Clément commençait sa journée souvent avant de
déjeuner et souvent aussi la terminait avec le coucher du soleil, dans la belle
saison.
Disons, en passant, que papa construisit environ 50 maisons neuves, 125
granges ou dépendances sur la ferme, qu’il a réparé une centaine de maisons,
sans compter ces mille petites réparations ici et là. Et toujours sur l’air
du : « Tra la la la, sur l’air du Tra déridéra, tra la
la ».
Ce n’est pas tout : il trouvait encore le temps de fabriquer pour nous
toutes sortes de petits jouets, qui nous passionnaient tant : nos petits
coffres d’école, nos règles de classe, des scieurs de bois qui balançaient
sur le bord de la table, des chevaux de bois taillés au profil, avec des
oreilles, une bouche, des pattes et une queue; que de roulettes a-t-il taillées
pour nos petites voitures, que de soufflets a-t-il sortis de son atelier pour
nos concerts. Et n’allez pas dire que nous n’étions pas heureux; je puis
affirmer que les jouets des enfants plus riches, achetés au magasin, ne nous
tentaient pas du tout, pour la bonne raison que les nôtres étaient plus
solides, aussi jolis, venant des mains paternelles.
Et quand nous grandissions, nous cherchions à l’imiter dans ses petits
travaux. C’est alors que son couteau de poche, son « Roger » se
promenait, se perdait, s’émoussait, nous coupait souvent et retournait en
mauvais ordre la plupart du temps. Et papa affilait de nouveau son Rodger, pour
nous le prêter de nouveau.
Il développa tellement chez nous le goût des choses faites à la maison qu’il
nous fait toujours plaisir de revoir ces objets rudimentaires, qui gardent des
souvenirs et conservent un cachet de renouveau dans leur ancienneté. Aimons à
conserver ces vieilles choses, elles ont quelque chose de notre âme, un peu de
notre vie, des morceaux de notre cœur, et beaucoup de nous-mêmes.
Puissent les petits enfants puiser dans cette vertu de travail, si bien
possédée par grand’père, et garder quelque chose d’elle-même dans leur cœur.
Labor improbus omnia vincit
Le bon travail vainc tout.
oooooOOOOOooooo
FAMILLE
Gaston Mathieu et Thérèse Béliveau
Gaston Matieu |
4 janvier 1913 |
Thérèse Béliveau |
24 août 1913 |
Premier lit Roland
Marcel
Rose-?
Réjeanne |
23 avril 1936
27 octobre 1937
1 juillet 1939
23 janvier 1941 |
Cécile Béliveau |
9 mars 1919 |
Deuxième lit Claude
Guy |
28 mai 1944
31 mai 1945 |
FAMILLE
Irénée Béliveau et Alice Janelle
Angèle |
8 août 1937 |
Marie-Claire |
9 février 1939 |
Yolande Gisèle |
19 février 1940 |
Estelle Lise Thérèse |
16 octobre 1941 |
J. Fernand |
5 avril 1943 |
Murielle |
8 mai 1945 |
LE BLÉ QUI LÈVE
Famille de Wilfrid Béliveau et de Clairina Bonin
1909, Lucien, 23 mai |
eccl. 1930 ptre en 1934 |
1910, Germaine, 3 juin |
religieuse 1930 S.Ass |
1911, Irénée, 15 juin |
marié le 22 août 1933(1) et 1937 |
1912, Rosa, 22 juin |
religieuse 1931 Sr. Ass. |
1913, Thérèse, 24 août |
jumelle (ma filleule) |
1913, Françoise, 24 août |
rel. Sr.Hosp.St.Jos Arth. |
1914, albert, 29 novembre |
|
1916, Alphonse, 15 janvier |
Aviateur 1940 (28 janv 43???) |
1918, Clément, 12 juillet |
décédé 1918 |
1919, Cécile, 9 mars |
|
1920, Oscar, 31 août |
|
1922, Elzéar, 8 juillet |
Rel. O.M.I. 1942 |
1923, Jean-Noël, 15 décembre |
|
1927, Edgar, 26 octobre |
|
1929, Irène, Pâques ou Marguerite, 31 mars |
décédée 1931 |
FAMILLE
Jean-Baptiste Bonin et de Anastasie Fafard
910 |
Simonne, le 6 décembre (religieuse S.A.) |
1912 |
Alcide, 16 février, |
1913 |
Léo, 9 décembre, décédé |
1915 |
Marcel, 7 février, |
1916 |
Rose-Alma, 18 novembre, décédée |
1918 |
Bruno, 14 août, décédé |
1919 |
Bernard, 11 septembre |
1922 |
Jean-Paul, 3 septembre |
1924 |
Hermann, 31 juillet, mon filleul |
1926 |
Robert, 5 février |
1927 |
Jeanne, 29 octobre |
1929 |
Cécile, 12 mars |
1931 |
André, 20 octobre |
FAMILLE
Alcide Bonin et Anne-Marie Lemire
Bébé |
défunt à sa naissance 1938 |
Gérard |
27 juillet 1939 |
Jean-Louis |
9 février 1942 |
Georges |
13 juin 1943 |
FAMILLE
Marcel Bonin et Jeannette Martel
Yvette |
4 mars 1943 |
Denise |
12 mai 1945 |
Elzéar |
15 mars 1948 |
Jean-Pierre |
29 août 1950 |
Claudette |
11 avril 1952 |
Diane |
28 février 1956 |
FAMILLE
Andéol Forest et de Maria Bonin
1909 |
Cécile, 23 décembre, mariée 1930 |
1910 |
Jeanne, 29 décembre, décédée 17 mai 1918 |
1912 |
Irène, 1 février |
1913 |
Laurette, 18 mai |
1915 |
Annette, 31 octobre, religieuse 1936, petites sœurs des pauvres |
1916 |
Roland 23 octobre |
1917 |
Gérard, 6 septembre, décédé 1 mars 1918 |
FAMILLE
Wilfrid Bonin et de Juliette Ruel
Raoul |
31 juillet 1918 |
Marie-Rose |
4 février 1920 |
Gérard |
12 octobre 1922 |
Edgard |
30 mars 1924 |
Marguerite |
7 mai 1925 |
Thérèse |
15 septembre 1926 |
François |
décédé |
ONCLES ET TANTES
Enfants de Bruno Bonin et de Olympe Gendron
Clément, Alphonse, Joseph, Arthur et
un défunt en bas âge.
Olympe (dame Hormidas Gendron)
Xilda (dame J. Bte Moresu),
Lisa (dame Ignace Leboeuf),
Louise (dame Antoine Cormier),
Delphina (dame Dulhude),
Clairina (dame Omer Parenteau)
et une défunte en bas âge
Enfants de Norbert Gendron et de Clémence Cormier
Horace Gendron
Rose de Lima (dame Pierre Robillard)
Clément (dame Clément Deslauriers),
Exina (dame Clément Bonin).
oooooOOOOOooooo
Grand’oncles et grand’tantes :
Cléophas et Clément, frères de Bruno
Lina, Clémence, Louise, Lisa, Adélaide,
et 2 défuntes en bas âge, de plus :
dames Lamoureux et St-Pierre, Alexandrine, Josaphat, Pierre et Alphonse.
oooooOOOOOooooo
COUSINS ET COUSINES
Enfants de Antoine Cormier et Marie-Louise Bonin
Mariage 7 janvier 1888
1889 |
Marie, 19 avril, décédée le même jour |
1890 |
Joseph Antoine, 17 avril |
1891 |
Antoine Edouard Edmond, 26 av. |
1892 |
Maria-Rosa, 7 mars (religieuse) |
1895 |
Joseph Vital, 18 mars, décédé 1920 |
1896 |
Maria-Anna, 22 juillet, décédée |
1897 |
J. Armand Victor, 17 déc, prêtre |
1899 |
J. Alphonse de L., 15 février |
1900 |
Mathias Edmond, 16 oct. |
1901 |
J. Pierre Arthur, 13 novembre |
1902 |
J. Arthur Antoine, 12 décembre |
1904 |
Marie Anna Alphonsine, 19 nov. |
1906 |
J.Hermas Origène, 15 avril |
1910 |
Ignace, 29 septembre, décédé |
Oscar Béliveau, Yvonne Désilets, 14 déc 1939
Hélène, 9 oct 1944
André, 18 déc 1945
14 juillet 1945
Jean-Noël Béliveau
Marguerite Leclair
Cousins et cousines (suite)
Enfants de Omer Parenteau et de Clairina Bonin
1898 |
Joseph Alphonse, 30 avril/ déc 1943 |
1900 |
Félix, 18 mars, décédé |
1901 |
Fille, 24 oct., décédée |
1902 |
M. Blandine Béatrix, 11 décembre |
1904 |
Marie Alice, 26 mai |
1905 |
Joseph Robert, 4 décembre |
1907 |
M. Blanche Germaine, 23 août |
1909 |
Marie-Ange Loretta, 17 janv. décédée |
1910 |
Marie-Ange Lucienne, 19 sept |
1911 |
J. Fortunal Gérard, 22 décembre, ptr. 18 mai 1940 |
1912 |
M. Marguerite Jeannette, 6 déc |
1914 |
J. Lucien Abel, 17 janvier; déc |
1914 |
Marie Thérèse, 15 décembre |
1916 |
J. Olivier Conrad, 14 juin; déc 1933 |
1918 |
J. Marcel Geo.-Aimé, 2 avril |
1919 |
Garçon, 20 juillet, décédé |
1920 |
J. Raymond Sylvio, 26 décembre |
Enfants de Clément Deslauriers et de Clémence Gendron
père |
Clément Deslauriers, né le 14 octobre 1835 |
mère |
Clémence Gendron, née le 10 oct. 1866 ??? |
1874 |
Albina, 26 octobre, mariée |
1876 |
Louis, 29 oct, marié |
1876 |
Émile, le 5 nov, décédé |
1880 |
Toussaint, 1 nov. décédé |
1882 |
Elzéar, 22 fév., décédé |
1884 |
Marie-Anne 22 août mariée |
1886 |
Joseph le 2 avril, marié |
1888 |
Félix, le 25 avril, décédé |
1890 |
Vital, 6 juill. décédé |
1892 |
Jean-Baptiste, le 24 avril, marié |
1895 |
Henri, 14 avril, marié |
1870 |
Rose de Lima, tante octobre. |
Enfants de Albert Dulhude et de Delphine Bonin
1904 |
Marie-Anna, le 29 juin |
1906 |
Alphonse, décédé |
1907 |
Germaine, le 24 mai |
1910 |
Donat, le 20 mai |
|
Marie-Louise, décédée |
|
Jeanne, décédée |
|
Bernadette, décédée |
1914 |
Léon, le 28 avril |
1915 |
Napoléon, le 6 octobre |
Enfants de Ignace Leboeuf et Lisa Bonin
Ignace Leboeuf décédé le 28 fév 1939
1888 |
Marie-Louise Elina, 24 mai |
1890 |
J. Ignace Antoine Félix, ne 10 juillet et marié |
1892 |
J. Alphonse Eméry, 25 juin, décédé |
1893 |
Marie-Anna Yvonne, 30 octobre, décédée |
1895 |
J.Jean-Baptiste Rock, 15 avril, marié |
1897 |
Marie-Ange Léa, 18 janvier, décédée |
1898 |
Marie-Rose Elodie, 15 août, mariée |
1900 |
J.Louis Arthur, 27 janv. et Marie-Ange Urseline tous deux nés le même
jour, et décédés le 10 juillet à 7.20 a.m. deux inséparables |
1902 |
Marie-Ange Jeanne Emma, 6 juil, déc., |
1904 |
J.Louis Adolphe, 9 janvier, marié |
1906 |
J. Lucien Ernest, 16 déc, décédé |
1908 |
J.Paul Emile, 26 mai, décédé |
1909 |
Marie-Ange Jeanne, 16 déc, décédée |
Enfants de Horace Gendron
31 août 1879 Marie Louise :m. à Lorenzo Cormier 1901
4 juillet 1880 Marie Oliva (religieuse)
9 mars Jos Antoine Alphonse
23 avril 1893 J-Baptiste Horace Clément déc 1887
25 juin 1884 Joseph Antoine déc 1885
12 octobre 1885 Marie Rose des Anges déc 1885
23 décembre 1886 Jacques Antoine Honorat (prêtre)
4 mars 1888 J-Baptiste Emmanuel
9 juillet 1889 Marie Blanche Rosa déc 1889
3 octobre 1890 Jos. Charles Armand
5 juin 1892 Jos.Oscar déc 1897
5 juin 1892 Marie Anna Lydia déc. 1892
24 mars 1894 Marie Joseph Cécile (religieuse)
Enfants de Arthur Bonin et de Blanche Gervais
1900 |
J.Arthur, 15 novembre, marié |
1902 |
Jean Baptiste, 9 avril, franciscain au Japon |
1903 |
Marie-Rose Bernadette, 27 oct. marié |
1905 |
J. Wilfrid, 1 août |
1907 |
Joseph Edmond, 19 avril |
1909 |
Jos. Eucher Abel, 15 avril |
1911 |
J. Ignace Gérard, 2 mars |
1912 |
Marie Marguerite Flore, 30 sept. mariée |
1914 |
Marie Berthe Françoise, 13 mai, religieuse |
1917 |
Joseph Léo Geo.-Etienne, 29 mars |
Enfants de Joseph Bonin et de Émélia Gervais
(le 4 juin 1929 voici leur âge)
Oncle Joseph, 61 ans, le 5 février
Tante Emélia, 56 ans, le 30 mars
Oliva, 30 ans, née le 12 nov.
Adrien, 28 ans, né le 23 mai
Émilien, 27 ans, né le 17 mai
Irène, 25 ans, née le janv.,
Jean-Philippe, 24 ans, né le 7 mai
Camille, 22 ans, né le 27 août
Cyrille, 21 ans, né le 12 février
Henri, 19 ans, né le 12 juin
Gertrude, 16 ans, née le 3 août
Roland, 13 ans, né le 18 mars.
Enfants de Alphonse Bonin et de Marie Joyal :
Les vivants
1900 |
Conrad né le 7 juin, |
1907
1909 |
Lucille, née le 3 juillet, mariée
Cléomène, né le 20 avril |
1912 |
Irénée, né le 17 novembre |
1914 |
Onil né le 3 septembre |
1916 |
Marie-Jeanne, née le 26 août |
1919 |
Thérèse, née le 22 août |
Les décédés
1898 |
Anita, née le 17 mars, décédée |
1905 |
Lucienne, née le 8 mai, décédée |
1902 |
Germain, né le 17 mars, décédé |
Il y a actuellement 132 cousins et cousines du 2e degré
inclusivement.
Enfants de Jean-Baptiste Moreau et de Exzilda Bonin
(le 4 juin 1929, voici leur âge)
Oncle Jean-Baptiste, 69 ans, 29 sept, décédé
Tante Exzilda, 68 ans, 14 juin, décédée
Pierre, (décédé) 40 ans né
Arthur, 39 ans, né le 4 septembre
Anna, 38 ans, née le 28 octobre
Xavier, (décédé) aurait 37 ans
Marie-Louise décédée à un an
Rosa, 34 ans, née le 29 août Marie-Louise décédée à deux ans
MES VACANCES D’ÉCOLIER
Il serait un peu téméraire de ma part que de chercher à raconter les faits
et gestes passés pendant mon temps d’écolier, pour la bonne raison que les
impressions sont trop récentes pour pouvoir les raconter sans m’exposer d’errer
ou de n’en pas donner toute la saveur. D’ailleurs, plusieurs sont témoins
de ces choses ou ont été témoins, ce qui me donne une assez forte raison pour
n’en pas dire un mot. Non pas que je craigne d’exposer à chacun ma vie d’adolescence,
car je ne rougis d’aucun de mes actes.
Raconter la vie d’écolier demanderait un temps considérable que je n’ai
pas. De plus, il faudrait des volumes pour tout raconter et une autre plume que
la mienne pour bien dire et bien écrire. En juin 1926, nous nous sommes
rencontrés, les confrères, au séminaire de Nicolet, au nombre de vingt-cinq,
et pendant deux jours nous ne fournissions pas à rappeler ce qui s’était
passé en classe, à la chapelle, aux études, au réfectoire, dans les dortoirs,
en récréation, au bois Saint-Michel, en ville, dans les campagnes, chez le
directeur. etc. etc. Et j’aurais l’audace de vouloir raconter ces choses?
Non, jamais.
Qu’il me suffise de rappeler aussi brièvement que possible que mes
vacances d’écoliers furent des plus heureuses. Ceux qui se sont séparés
pendant des mois de leurs parents et de leurs jeux de famille peuvent comprendre
que les vacances, pour ceux-là sont des plus agréables, car il faut s’éloigner
de ses parents pour les connaître davantage, pour connaître la joie qu’il y
a de demeurer près d’eux. Pendant l’année scolaire, l’imagination est
remplie de tous les souvenirs de famille, qui se promènent le jour et la nuit,
comme voulant nous reprocher notre séparation. Mais quand nous savons que c’est
le devoir qui nous sépare de ceux que l’on aime, on aime à souffrir à cause
d’eux et pour eux. Ces séparations des joies familiales, ces nouveaux
contacts avec toutes sortes d’enfants, aident beaucoup à la formation du
caractère, nous font comprendre plus facilement les avantages de vivre en
société.
Mes dernières vacances se passèrent avant de partir pour le collège, chez
une dame Goudreau, du dixième rang, où je servis de commis. Ensuite, pendant
toutes les autres vacances, je pris trois ou quatre semaines au travail des
champs, à travailler surtout aux foins. Je servis chez Messieurs Arthur
Janelle, Wilfrid Clair, Alphonse Bonin et Badin Rajotte. Entre-temps, je restais
à la maison paternelle, où je goûtais un vrai repos. Ce travail aux foins et
ce repos au foyer paternel réparaient les forces et réconfortaient le cœur,
me prédisposaient à recommencer une année avec courage et amour.
A la maison, je ne travaillais pas fort, c’était simplement les travaux
ordinaires, tels que le travail au jardin, préparer le bois, faire les
commissions, entretenir le « tour » de la maison, blanchir la maison,
faire les petites réparations urgentes et selon mes capacités, etc. Et cela,
tout en m’amusant avec les aimables frères et sœurs.
Bien des souvenirs m’assaillent en ce moment, mais je les passe sous
silence. Ajoutons que j’aimais passionnément le jeu; la balle au champ fut un
passe-temps, le jeu de croquet eut ses charmes, les voyages à la rivière Noire
nous donnaient des jouissances sans nombre. J’aimais beaucoup à aller visiter
les malades avec le bon docteur Larue, à faire ses commissions.
Mais les vacances qui suivirent mon année de Belles-Lettres me couvrirent d’un
double deuil : à l’automne, ma petite sœur Rosa vint me faire ses
adieux à Nicolet et au printemps suivant, maman rendait son âme à Dieu. Or,
les vacances qui suivirent furent plutôt tristes que joyeuses : Dieu avait
ses intentions en agissant ainsi, pour notre plus grand bien et pour notre
avantage.
Mes vacances après la Rhétorique furent marquées d’un pique-nique à
Drummondville, qui eut des conséquences bien plus tapageuses que dangereuses.
Pendant que la maison paternelle ferma ses portes en signe de deuil, je passai
ces vacances, avec papa et Oscar, chez ma sœur Maria, qui nous reçut comme une
bonne petite maman, sans compter les bons égards que nous reçûmes du beau-frère
Andéol. Ensuite « le bon Baptiste », comme plusieurs l’appelaient,
revint des Etats-Unis et rendit à la maison paternelle toute la joie et la
gaieté dont elle s’était privée en fermant ses portes.
Toutes mes vacances, après la Philosophie junior, furent des plus agréables.
J’en remercie le bon Dieu tous les jours. Ma fonction de professorat au
séminaire me permet de revivre un peu tous les ans ces joies d’autrefois, en
voyant remuer autour de moi tout un petit monde vivant et intelligent, qui m’intéresse
beaucoup et me réjouit considérablement.
Je voudrais voir durer toujours ce beau temps des vacances, mais je sens que
ces joies tirent à leur fin……..
oooooOOOOOooooo
UNE RÉCEPTION D’ÉVÊQUE
Tous les préparatifs étaient terminés, on attendait le pasteur du diocèse
Monseigneur Brunault, confrère de notre curé, le révérend Milot. L’évêque
devait arriver par convoi, et toute la route qui conduit de la station de l‘Intercolonial
au presbytère était en liesse; des drapeaux de toutes couleurs et de toutes
formes flottaient sur les demeures de paysans, des arbres artificiels étaient
plantés ici et là, des organisations de jeunes gens étaient prêtes pour une
canonnade de triomphe.
Sur le terrain de la petite école du village, aujourd’hui devenue la
maison municipale, se groupaient de jeunes soldats portant fusils; les plus
petits étaient prêts à faire exploser leurs pétards de tous calibres.
Pères et mères et leurs enfants attendaient, sur le seuil de leurs demeures,
l’évêque pour recevoir sa bénédiction. Tous les notables de la paroisse en
haut-de-forme et en habits de circonstance s’étaient rendus à la gare dans
leurs plus élégantes voitures et dans leurs beaux carrosses. Tous étaient
bien disposés à faire une réception plus grande encore que par le passé,
pour manifester au premier pasteur du diocèse leur soumission de vrais fils et
lui présenter leurs hommages de gratitude et d’amour.
Ces drapeaux, ces banderoles, ces écussons, étaient bien l’emblème de la
foi vive de ces villageois et de ces paysans. Aussi l’attente était grande.
Tout à coup, on donna le signal de l’approche : un train venait de
signaler son arrivée et bientôt les beaux carrosses se dirigeaient vers le
village à toute vitesse. Les coups de fusil partirent, les pétards
explosèrent avec un fracas considérable, les cris des enfants, les familles à
genoux, le sourire sur les lèvres des visiteurs. Mais chose étrange, on ne vit
pas l’évêque dans son carrosse, il n’y avait pas de prêtres dans les
voitures qui accompagnaient. La bénédiction ne parut pas être donnée comme d’habitude.
Quand tout fut dépensé, coups de fusils, éclats de pétards, cris des
enfants, quand les cloches eurent cessé de faire entendre leurs joyeuses
allégresses, on annonça, non sans étonnement et sans surprise, que c’était
le député Laferté et son ami le vieux Lavergne qui venaient d’arriver par
train spécial.
Les conservateurs rentrèrent chez eux de mauvaise humeur à la pensée qu’ils
venaient de recevoir la bénédiction du père Laferté. L’évêque arriva peu
après, mais dans un silence assez morne. Au presbytère, on s’amusa fort bien
de ce qui venait de se passer et l’évêque se contenta de sourire…..
oooooOOOOOooooo
LE VIEUX RICHE
Il était une fois……un vieux riche qui passait pour le plus
généreux du monde, soulageant toutes les misères, dépensant d’énormes
sommes pour les pauvres, les petits et les orphelins. Il habitait une ville, où
le paupérisme était très grand et où un grand nombre de malheureux mouraient
de faim et de misères.
Il rencontra un jour, un jeune couple portant un jeune enfant et demandant à
manger et à coucher sur la route. Le vieux riche arrêta son carrosse et lança
une pièce d’or aux trois passants et continua sa route, en souriant à ses
amis qui le louangeaient de sa bonne action.
Plus loin, il vit un enfant de dix ans; tout en haillons mais d’une grande
beauté; il lui donna dans la main deux pièces d’or et lui sourit. Jamais il
n’avait rencontré une si belle figure d’enfant.
Revenant d’une promenade avant de prendre son souper, il reçut à sa porte
un jeune homme malheureux, qui voulut lui raconter son malheur; mais le vieux
riche le repoussa en lui donnant de l’or. « Après tout, se dit-il, il
suffit de lui donner ce qui lui manque, à quoi sert d’entendre ses
lamentations. D’ailleurs il est repoussant, peut-être vicieux ».
Son voisin, un jour, tomba dans les plus grands malheurs. Il ne voulut pas
aller le consoler, mais lui députa secrètement un domestique pour lui donner
du pain et de l’argent. Il craignait de perdre quelques-uns de ses adorateurs
en entrant dans ces logis affreux à voir. Ce voisin avait été riche et
puissant autrefois et se voyait abandonné de tous.
Un de ses serviteurs fut condamné à mort et monta sur l’échafaud. Le
vieux riche l’apprenant se contenta de dire : « Qu’il subisse le
jugement des hommes, à lui de se défendre. Il envoya une somme d’argent aux
juges pour faire retarder cette condamnation à mort, mais se refusa d’aller
paraître comme témoin et peut-être de le soulager par sa présence ou même
suspendre la condamnation à mort, par sa bonne réputation qu’il aurait fait
valoir devant les juges. Il ne voulut pas se déplacer.
Mais les aumônes qu’il ne cessait de faire couler sur toutes les misères
lui donnaient une réputation de saint. Et les amis et les adorateurs ne
cessaient de lui faire une cour aimable et douce. Il aimait passionnément les
compliments et ne craignit pas de dire un jour à plusieurs de ses amis :
« Grâce à vous, je puis affirmer d’avoir dépensé les neuf-dixièmes
de ma fortune; je n’ai gardé que la dîme pour moi. Vous avez toujours su,
par vos bonnes manières et votre grande éducation, me faire dénouer ma bourse
et distribuer mon or sur toutes les misères du monde. Maintenant que je me fais
vieux, je sens que je mourrai bientôt ».
En effet, une fièvre l’emporta en quelques jours.
Quand il se présenta à la porte du ciel, Saint Pierre lui demanda son nom.
Il répondit : « Je suis le vieux riche qui ai soulagé tant de
misères sur la terre, qui ai fondé des hôpitaux pour les enfants, pour les
vieillards, pour les jeunes femmes, pour tous les nécessiteux de la terre que j’habitais.
J’ai dépensé les neuf-dixièmes de ma fortune et n’ai gardé que la dîme
de mes biens. Ne mérité-je pas une bonne place au ciel?
--« Non, je ne puis pas te recevoir; le Souverain Juge vient de te
condamner aux enfers ».
--« Que dites-vous Et mes charités? et mes aumônes? et tout le bien
que j’ai fait autour de moi?
--« Tu en as reçu déjà la récompense. Va où tu mérites d’aller,
mes portes te sont fermées.
--« Pourrais-je au moins parler au Maître du Ciel?
--« Attends ici. Je vais le lui demander ». Le vieux riche vit
tout à coup un jeune couple passer près de lui; l’enfant que les époux
portaient pleurait en regardant le riche.
--« Vois, lui dit Le Sauveur qui venait d’arriver, tu as donné de l’or
à ces pauvres, mais ta récompense, tu l’as reçue en acceptant avec orgueil
les compliments de tes adorateurs.
--« Regarde cet autre enfant de dix ans. Tu lui as fait la charité
exclusivement parce qu’il était beau.
--« Ce jeune ouvrier malheureux n’a reçu aucune sympathie de toi. Tu
ne lui as rendu aucune consolation parce qu’il n’y avait personne près de
toi pour te louer.
--« Vois-tu ce condamné à mort que tu aurais pu sauver? Il était
innocent; ton refus à le visiter et à plaider pour lui l’a condamné à
mort. Tous les millions que tu as dépensés t’ont apporté sur la terre les
consolations que tu désirais : ton orgueil t’a perdu, puisque tu n’as
fais l’aumône que pour entendre des adorateurs te louanger et te louer. Va
trouver ces thuriféraires et qu’ils te récompensent, puisque jamais tu n’as
fait l’aumône pour soulager les misères, puisque tu n’as jamais travaillé
avec amour. Ces misères te répugnaient et te repoussaient. Va, il est aussi
difficile à un riche de se sauver qu’au chameau de passer dans le chat d’une
aiguille ».
Quand nous faisons l’aumône, c’est à Jésus que nous devons la faire,
pour en recevoir la récompense de Lui et non pas des beaux yeux qui nous
regardent. La main gauche ne doit pas savoir ce que fait la main droite. La plus
petite aumône, la plus petite parole, le plus petit geste, la moindre démarche
faite pour soulager la misère, et non pour satisfaire son orgueil, nous donne
la vie éternelle.
oooooOOOOOooooo
LA PETITE RIVIÈRE NOIRE
Mon plus beau « sport », dans mon enfance, ne fut pas la
chasse : tout petit, je me suis servi un jour d’un vieux fusil à
baguette et je faillis me tuer. Ce ne fut pas non plus l’automobile, pour la
bonne raison qu’il n’y en avait pas encore. Encore moins d’aller aux
grandes veillées de jeunes gens, je m’y ennuyais à mourir. Sans doute, j’aimais
beaucoup le jeu de balle et de croquet. Mais là où il y avait du goût, de la
passion, c’était dans la pêche à la petite rivière Noire.
Quand je partais pour la rivière Noire, il n’y avait plus rien à désirer
ici-bas, j ‘étais heureux, je marchais légèrement, j’allais me
satisfaire. Et que prenait-on dans cette petite rivière aux vaches? De la
barbotte en abondance, de l’anguille, la nuit, quelquefois; du « carapet »
tant qu’on en voulait, des écrevisses et des grenouilles; de jolis brochets,
à la cuillère; et surtout des maringouins par millions, l’atmosphère en
était sursaturée.
Assis sur la grève ou embarqué dans une chaloupe, seul ou en compagnie, qu’il
fasse gros temps ou beau soleil, que ça morde ou non; rien de passionnant que
de se voir au bord de l’eau, dans la forêt, loin de tout bruit, si ce n’est
l’orchestre des petits oiseaux, sous un toit ensoleillé le jour et étoilé
la nuit, avec un horizon immense, de l’air pur à pleins poumons. Peut-il y
avoir au monde un genre de « sport » aussi agréable, aussi
captivant, et pour la santé, et pour la paix de l’âme, et pour le repos de l’esprit?
Je ne le crois pas, bien qu’en disent autrement ceux qui ne connaissent pas la
pêche ou qui ont le goût faussé par quelqu’autre passion.
Tous ne peuvent pas aller à la pêche, mais tous ceux qui ont des moments de
loisir devraient aller se reposer près de l’eau, près d’une rivière, d’un
lac.
Quoi de plus poétique, le soir, que de voguer sur une petite embarcation,
lorsque les rames se soulèvent et retombent en cadence dans les flots où danse
la lune, où sautillent les étoiles. A cette heure paisible du soir, tout la
nature semble dormir et se reposer dans les flots majestueux, qu’ils coulent
et dansent dans une petite rivière ou dans un grand lac. Jamais je n’oublierai
ces heures délicieuses passées auprès de ma petite rivière Noire, soit le
jour dans la lumière chaude et purificatrice du soleil, soit la nuit dans la
fraîche tranquille et réparatrice, dans un repos où toutes les facultés de l’âme
semblent s’unir pour faire monter vers le Très-Haut une hymne d’amour et de
reconnaissance.
oooooOOOOOooooo
HEURES DU SOIR
(Petite poésie remplie de tendres souvenirs…..)
-I-
Brunette,
Jeunette,
L’astre des nuits
Scintille
Et brille,
Sois sans ennuis.
-II-
Ma mie
Chérie…..
Quel doux émoi!
Ma lyre
S’inspire
Autour de toi…
-III-
La rive
Plaintive
Jette une voix
Charmante;
Tout chante
Dans les grands bois.
-IV-
Bel ange,
Mélange
Avec ces chants
Ta flamme,
Ton âme
Et tes accents.
-V-
Ramure,
Verdure,
Tout est fraîcheur;
Tendresse,
Ivresse,
Gagnent mon cœur.
-VI-
Te suivre
Et vivre
Pour toi, longtemps,
J’en donne,
Mignonne,
Mes jeunes ans.
-VII-
Je t’aime
De même,
Aimons tous deux!
Ensemble
Ce semble,
L’on est heureux.
(recueillie dans un vieux calepin, alors que j’allais à l’école)
oooooOOOOOooooo
UN SERMON DE CIRCONSTANCE
Une bande de brigands, ayant arrêté un pauvre curé, lui ordonna de jeter
sa bourse.
--« Je n’en ai pas ». On le fouille en vain.
--« Nous ne te lâcherons pas sans que tu nous donnes quelque chose.
--« Je n’ai que mon bréviaire.
--« Et bien, donne-nous un sermon, et, s’il est bon, on te lâchera.;
sinon… »
Le curé ne pouvait refuser. Mais le sujet à choisir était épineux.
Comment plaire à un tel auditoire dans écorner la doctrine et sans s’exposer
à recevoir des coups ou des jurons.
Après réflexion, il dit :
--« Mes frères, votre vie est presque l’image de la vie de
Notre-Seigneur. Comme lui, vous êtes nés dans une étable, et peut-être plus
bas. Comme lui, vous avez passé votre jeunesse à errer sur la route. Comme lui,
dans votre âge mûr, vous avez été la terreur des riches. Comme lui, vous
mourrez sur un gibet, exposés aux quolibets de la foule. Comme lui, vous
descendrez dans les enfers, mais vous y resterez ».
Le curé eut sa liberté…….
oooooOOOOOooooo
LA BELLE BERGÈRE
Il était une bergère….qui gardait ses moutons ron ron. Elle vit
une vieille fée d’une laideur à faire peur; elle voulut prendre la fuite ou
appeler au secours. Mais le geste nerveux de la vieille la paralysa au sol. La
fée lui dit :
--« Comme tu es belle, bergère et comme tu me parais heureuse. Tout
cela est trompeur. Veux-tu la richesse, belle bergère?
--« Il ne me manque rien, madame.
--« Il te manque la richesse, de l’or, un beau et grand château, des
servantes qui te servent du matin au soir. Pas besoin de s’avilir à garder
des animaux. Veux-tu la richesse, belle bergère?
--« Que ferais-je pour l’avoir?
--« Viens, suis-moi, tes moutons ne bougeront pas en ton absence, Viens.
Toutes deux s’en allèrent à travers la plaine et entrèrent dans une
forêt habitée par les loups. La bergère frémit à la pensée que les
destructeurs de ses moutons habitaient ces forêts. Elle suivait toujours, comme
sous l’emprise de cette hideuse fée. Elles entrèrent dans un immense
château de pierreries, de diamants et d’or.
Quand la bergère eut tout visité, elle se sentit éprise soudain d’une
ivresse indicible et regarda la fée avec ses grands yeux bleus. La fée lui dit :
--« Veux-tu la richesse, belle bergère?
--« Oui, je la veux, si tu peux me la donner facilement.
--« Je puis te la donner immédiatement, si tu veux remplir les
conditions suivantes. Tu deviendras la reine et la fée de cet immense château,
et des nombreux serviteurs qui l’habitent, mais tu me donneras ton âge et ta
beauté, tes moutons et ta liberté; tu deviendras vieille comme moi, tu
changeras tout ce que tu voudras mais tu resteras vieille et laide. Je m’en
irai dans tes champs vivre avec tes vils animaux, je deviendrai belle et jeune,
et toi, tu deviendras vieille et riche. Veux-tu la richesse, belle bergère? »
--« Oui, je la veux. Au même instant, la jeune bergère se sentit
vieille et laide, et entra en possession de cette immense richesse. La vieille
fée se sentit jeune et belle et s’en alla rejoindre ses moutons.
Plusieurs jours se passèrent. Mais la nouvelle bergère était devenue
malheureuse, n’ayant plus de richesses pour briller à ses yeux, ni servantes
pour s’incliner devant elle. Elle songeait déjà à retourner au château et
à chercher à défaire ce vilain marché.
La nouvelle fée et châtelaine était très malheureuse dans son château.
Elle ne savait pas quoi faire de ces richesses et n’avait pas d’ordre à
donner aux servantes.
Elle avait perdu sa liberté : elle ne voyait plus ses petits moutons
lui caressant les mains et chantant à leurs manières les beautés de la
nature. Elle pleurait toujours et voulait retourner à ses champs pour y
reprendre sa vie normale.
Toutes deux se rencontrèrent et se comprirent. Elles échangèrent de
nouveau leur état de vie et chacune reprit sa besogne ordinaire.
La vieille fée, se retrouvant vieille et hideuse à voir, commençait déjà
à regretter son dernier marché, et s’en alla trouver la belle bergère pour
échanger de nouveau. La bergère lui dit :
--« Vaut mieux chaumière où l’on rit que palais où l’on pleure ».
N’envions pas trop le sort des riches, petits enfants. Les riches ont des
douleurs cachées qui assombrissent leur bonheur. S’ils ont si facilement ce
qu’ils désirent, ils vont aussi facilement au mal par les mêmes moyens et
sont réellement malheureux sur la terre, quoiqu’en disent les apparences, et
se sauvent plus difficilement que les pauvres et les hommes d’humbles
conditions.
Il vaut mieux être gai au foyer de l’humble artisan que malheureux dans
les palais des riches du monde.
oooooOOOOOooooo
COMPAGNONS ET COMPAGNES D’ÉCOLE
Nous étions bien cent cinquante élèves à la même école : des
petits et des grands, des beaux et des laids, des savants et des ignorants;
comme dans toutes les autres écoles d’ailleurs. Mais il me plaît de rappeler
ici les noms des nombreux compagnons et de nombreuses compagnes d’école. Et
il est fort intéressant de les retrouver aujourd’hui dans le monde après
vingt-cinq ans. Nous y trouvons des religieuses en assez bon nombre, quelques
religieux, frères du moins, mais je crois que je suis le seul (il faut y
ajouter le Père Laferté, o.m.i.) prêtre des cent cinquante qui reviennent à
ma mémoire, me servant d’une photographie du temps.
Melle Belleau enseignait aux plus âgés et j’étais son élève, puisque
nous étions en 1904 et 1905. Melle Mulaire aux moyens, Melle Bonin, aux petits
et Melle Cormier aux bébés. C’est faire naître la nostalgie que de revoir
toutes ces petites figures du temps, avec la même physionomie du présent, du
moins pour ceux que j’ai revus depuis tant d’années. Plusieurs sont bien
loin d’ici, d’autres n’ont jamais été revus depuis leur départ de
Saint-Germain. Mais j’aime à rencontrer ces compagnons et compagnes de ce
beau temps d’école, nous prenons toujours un vif plaisir à redire nos gestes
d’enfants et nous devenons jeunes, pour ainsi dire, du moins quelques minutes,
et c’est suffisant pour alléger le poids des années qui se fait déjà lourd,
bien que ces années ne soient pas encore très nombreuses. Il fait toujours bon
de retourner à l’âge tendre des dix ou douze ans et revoir tous ceux que
nous aimions tant, alors, et que nous croyions inséparables. Mais, hélas! le
temps fait son cours et entraîne tout sur son passage.
Les compagnons d’âge du temps sont les suivants : Victor Bernard,
Arestus Cotnoir, Damase Champagne, Hector Goudreau, Donat Gauthier, Bruneau
Parent, Honoré Mélançon, Oscar St-Pierre, Laurendeau Gauthier,Atchez Laferté,
Théophile Sarazin, etc, etc.
Les compagnes qu’il est doux de rappeler sont les suivantes : Blandine
St-Pierre, Flore Fafard, Rose-Alma Lafond, Marie-Anna Houle, Rose-Alma Pilon,
Rose-Alma Carpentier, Marie-Rose Bernard, Marie-Flore Bernard, Orosie Caya,
Rose-Alma Fafard, Adélia Moreau, Orore Doré, Orosie Rajotte, Cécile Girard,
Orée Laferté, Rosa Bonin, etc. etc.
Tous les autres, étant beaucoup plus « petits » que moi, ne sont
pas nommés ici, bien que j’aime à revoir leur physionomie dans mes
souvenirs. Il peut se faire que j’en aie oublié quelques-uns de mon âge,
mais leurs noms ne me viennent pas à l’idée pour le moment.
A tous je redis un gros bonjour.
oooooOOOOOooooo
UN LOUP-GAROU
Il y avait dans la forêt de Boulogne une famille de superstitieux que se
composait du père, de la mère, de la fille et du garçon, et enfin d’un gros
chien noir. Le père s’appelait Zénobe, la mère Zénobie, la fille Zénobine
et le garçon Zénobin, et le chien Zénos. Or, il arriva qu’ils reçurent
dans leur cabane un nommé Zénon, frère de la mère. Ce dernier ne faisait
plus de religion.
Tous les soirs, on parlait de feu-follet, de loup-garou, de sorcier et de
toutes sortes de choses qui hantaient leurs cerveaux et les empêchaient de
dormir. Zénobe disait à Zénon qu ‘il serait changé en loup-garou s’il
ne voulait pas faire ses Pâques et les autres en avaient peur. La mère
assurait qu’elle voyait, la nuit, des êtres en feu qui venaient se promener
autour de la cabane, et croyait que c’était des âmes qui voulaient des
prières, mais elle ne priait pas, elle se contentait d’avoir peur et d’affoler
Zénobin et Zénobine.
Un jour que Zénon était parti pour un voyage, le père arriva, le soir, en
criant de toutes ses forces qu’il venait de voir un loup dans la forêt et que
ça devait être un loup-garou, ou plus sûrement l’âme de Zénon qui était
à expier ses crimes dans le corps d’un loup des bois. La peur fut grande à
la cabane. Le lendemain, personne ne voulut sortir du logis, crainte de voir le
loup. Mais Zénos, le chien noir et fidèle avait senti le loup, parce qu’il
était d’humeur mauvaise.
Le soir, le père Zénobe se hasarda à aller visiter le bois avec son Zénos
et son fusil à poudre. Mais il ne revint pas, ni le chien. Zénobie ne dormit
pas de la nuit. Le lendemain, elle alla au secours de son Zénobe, qui était
dans doute à lutter avec le loup en quelque coin de la forêt : mais elle
ne revint pas. Zénobin et Zénobine ne dormirent pas de la nuit. Le lendemain,
ils allèrent au devant de leurs parents, se tenant par la main, décidés tous
deux de mourir ensemble si le loup apparaissait.
Zénobe s’était rendu près de la rivière aux vaches, et là, ayant
entendu du bruit derrière lui, croyant le loup sur ses pas, se déshabilla et
se lança à l’eau pour s’y noyer, mais il n’y avait pas assez d’eau. Il
fit un grand tour et arriva chez lui. La mère Zénobie, avant entendu le bruit
de course de son mari et croyant avoir vu le loup, se déshabilla et se lança
à l’eau, mais elle ne put se noyer et se sauva du côté de la maison.
Zénobin et Zénobine arrivèrent près de la rivière et virent les habits de
leurs parents. Croyant qu’ils s’étaient noyés, ils se déshabillèrent et
se jetèrent à l’eau pour rejoindre leur père et leur mère et pour ne pas
être mangés par le loup. Zénos, en flairant les habits de ses maîtres, se
coucha dessus et les attendit..
Le père Zénobe avait fouillé toute sa cabane, et ne trouvant ni sa
Zénobie ni ses enfants, ni son chien, partit de nouveau et parcourut la forêt
en tous sens. Zénobie arriva ensuite chez elle, et, n’y trouvant personne,
elle alla vite au secours de ses enfants. Les deux petits peureux se voyant
seuls arrivés au logis, partirent à leur tour et s’enfoncèrent dans le
bois.
Le père Zénobe retourna à la rivière, mais de loin, il vit un animal noir
sur le bord de la rivière, il prit la fuite…Zénobie fit de même, en voyant
remuer sur ses habits. Les deux enfants se crurent morts en apercevant un animal
noir qui les regardait. Zénobe rencontra Zénobie et Zénobin et Zénobine, et
tous quatre s’armèrent et se dirigèrent vers le loup, qui s’était
attaqué à leurs habits. Le père fit feu, le chien hurla. Au même instant
Zénon revint de voyage en criant de ne pas faire feu, qu’il était blessé.
Le chien avait disparu, et tous crurent bien plus au loup-garou.
Rendus à la cabane, Zénon et tous les autres parlaient ensemble, ne se
comprenant pas. Zénobe reprochait à Zénon de ne pas avoir fait ses Pâques et
d’avoir été changé en loup-garou; la preuve c’est qu’en recevant le
coup de fusil, le loup-garou s’était changé en homme et Zénon était apparu
blessé.
Mais quand Zénos arriva à la cabane, saignant d’une patte, on reconnut le
loup, qui s’était couché sur les habits, puisqu’il les apportait avec lui,
teints de son sang. Zénon raconta comment il s’était blessé, et tous
comprirent qu’ils avaient eu peur d’un rien et que l’histoire des
loups-garous était plutôt imaginative que réelle.
oooooOOOOOooooo
LA PROBITE ( i )
Dans la dernière guerre d’Allemagne, un capitaine de cavalerie est
commandé pour aller au fourrage. Il part à la tête de sa compagnie et se rend
dans le quartier qui lui était assigné. C’était un vallon solitaire, où l’on
ne voyait guère que des bois. Il y aperçoit une pauvre cabane, il y frappe; il
en sort un vieux à barbe blanche :
--« Mon père, lui dit l’officier, montrez-moi un champ où je puisse
faire fourrager ma compagnie, mes cavaliers.
--« Tout à l’heure, reprit le vieux, suivez-moi; je me mets à votre
tête et je remonte avec vous le vallon.
--« Tiens, voici un beau champ, dit le capitaine, c’est ce qu’il
nous faut.
--« Non pas, reprit le vieux, suivez-moi. Ils continuent à marcher et
ils arrivent à un autre champ d’orge. La troupe aussitôt met pied à terre
et fauche tout le champ. L’officier dit alors à son guide :
--« Mon père, vous nous avez fait aller trop loin sans nécessité; le
premier champ valait mieux que celui-ci.
--« Cela est vrai, dit le vieux, mais il n’était pas à moi ».
( i ) Morceau appris et récité à la petite école du temps de Melle
Belleau.
oooooOOOOOooooo
MES DEUX PETITES SŒURS
(Clairina et Maria)
Je ne peux parler de Clairina et de Maria à l’âge le plus reculé, dans
mes souvenirs, au temps joyeux et mémorial où elles fréquentaient la petite
école du village. Voyez-les, toutes les deux légères et joyeuses, l’âme en
paix, l’œil étincelant, les pommettes rosées naturellement, le sourire s’épanouissant
sur leurs lèvres tendres, distribuant leurs gracieux sourires aux passants, se
faisant affectionner de leurs maîtresses et de leurs compagnes de classe.
Elles quittent la maison bien avant le temps pour ne pas arriver commencer,
soit qu’elles aillent à l’école, soit qu’elles se dirigent à l’église.
Conscientes d’avoir bien appris leurs leçons et d’avoir fait de bons
devoirs, elles n’ont pas peur de se présenter devant leurs compagnes de
classe pour réciter leurs leçons ou expliquer leurs devoirs. Aussi elles sont
au premier rang de leurs compagnes.
Chaussures à hauts bords, bas noirs avec jarretières, robe longue en coton
ou en étoffe fine bien soignée, petit tablier arrondi avec petite poche pour
le mouchoir, le chapelet ou quelques autres objets, petite tourmaline bleue ou
pâle, coiffant une tête surmontée d’une « toque » de nattes
fines, avec petit « toupet » taillé, descendant sur le front; c’est
ainsi que je les revois belles à croquer dans leurs simples habits, mais d’une
propreté irréprochable.
Elles ont de la noblesse dans les démarche, de la volonté dans le geste, de
l’intelligence dans l’œil, de l’affection dans le regard et dans leurs
paroles, tellement que ces deux belles petites filles attirent à elles, tant
elles ont de l’élégance naturelle, de la fierté et de la noblesse, tant
elles inspirent le respect dans leurs travaux et dans leurs jeux. Toujours
modérées en tout, bien qu’elles aiment à bien faire ce qu’elles font;
toujours réservées devant tous, bien qu’elles soient affectueuses, et bien
qu’elles agissent différemment, et chacune à sa façon, tout en tendant
chacune à la perfection dans ce qu’elles disent ou ce qu’elles font.
Telles apparaissent, dans mes souvenirs les plus lointains, ces deux belles
silhouettes de fillettes de douze à quinze ans.
A l’église, elles paraissent graves, sérieuses, remplies d’une foi vive
qui illumine leur regard et leur figure fraîche. Elles sont conscientes de la
présence de Dieu, de son secours tant pour elles que pour ceux et celles pour
lesquels elles aiment à prier. Elles se font un grand honneur d’aller chanter
les gloires de Marie, leur mère du ciel, soit dans les pieux refrains des
jeunes filles en chœur, soit encore dans leurs couplets harmonieux :
toutes deux aimaient à chanter et chantaient à merveille les cantiques dans
nos belles fêtes.
Bien que de caractère différent, elles se rapprochent de beaucoup quant à
leurs qualités générales de cœur et d’esprit : elles ont conservé de
leur maman et de leur papa le riche héritage, à elles légué, de piété, d’amour,
de travail et de franchise. Elles savent comme leurs parents traverser les
épreuves avec résignation et avec amour. Aussi, Dieu a marqué au front de
leurs enfants la fierté chrétienne, la noblesse ancestrale et les vertus qui
mènent dans le vrai chemin.
Je ne veux en aucune manière faire la graphologie de mes deux sœurs telles
qu’elles m’apparaissent aujourd’hui; ce n’est pas le but du présent
travail. J’aime à comparer intérieurement ces deux fillettes de douze ans
avec ces deux dames d’aujourd’hui, ayant non seulement les mêmes qualités
de jadis, mais les ayant perfectionnées au point que nous pouvons les appeler
les femmes fortes, comme nous le lisons dans la Sainte Écriture.
Ces souvenirs d’enfance me permettent d’ajouter que ces deux sœurs aînées
ont contribué à ma formation par le bon exemple qu’elles m’ont toujours
donné en tout et partout. Puissé-je savoir en profiter!
oooooOOOOOooooo
CE QUI RESTE À DIRE
Chers Neveux et Nièces,
Ce qui reste à dire est bien plus considérable que tout ce que je
viens de vous écrire. J’arrive à la fin de mon recueil de « Souvenirs
et Légendes », comme nous arrivons à la fin de l’année scolaire. Et
comme c’est le temps des corrections collégiales qui commencent, ainsi doit
commencer la correction des multiples erreurs glissées dans ce recueil. Il faut
bien comprendre, chers Enfants et Jeunes Gens, que je n’ai pas eu le temps de
faire « de la belle composition », ni d’y ajouter des fleurs de
rhétorique, qui vous auraient embaumés sur le parcours de ces pages. Je n’ai
pas même eu le temps de faire un brouillon et de le corriger d’avance de l’inscrire
au cahier d’Honneur; je prenais au fur et à mesure les faits qui se
présentaient à ma mémoire et j’écrivais « currente mecanico »,
sans m’occuper de la forme.
C’est parce que je sais que vous m’excuserez facilement et charitablement
que j’ai écrit ces pages sans ordre et sans littérature. De plus, si l’on
dit que le style c’est l’homme, encore ici je ne crains pas votre
condamnation, parce que vous y trouverez plutôt une preuve de ma grande
affection pour chacun de vous.
S’il m’était permis d’écrire facilement, je me ferais un honneur et
un immense plaisir de vous présenter la silhouette de chacun de vous, en un
volume que j’intitulerais : « Recueil d’Affections ». Mais
il m’est impossible de viser un travail si difficile en même temps que si
délicat. D’autant plus que je sais formellement que je n’ai pas assez de
littérature pour plaire surtout aux plus vieux, qui, déjà ont ouvert leur
intelligence à toutes les beautés des Belles-Lettres et même des Sciences et
des Beaux Arts. Je laisse à un autre plus habile que moi ce gigantesque
travail.
En feuilletant ces pages, vous saurez fermer les yeux sur toutes les erreurs
involontaires de mémoire et de jugement. Vous garderez pour vous le contenu de
ce recueil, puisqu’il est écrit exclusivement pour vous. Aucun étranger n’y
mettra la patte ou les yeux, au risque de le voir disparaître à tout jamais.
Plusieurs passages demandent certaines explications; je me ferai un plaisir de
vous les donner quand je veillerai avec vous tous. Mais cette joie me manquera
dans ces vacances 1929, puisque la force des choses m’entraîne aux
États-Unis, pour y faire un peu de ministère, en vue de me rendre vivre
quelques heures avec ma chère petite Sœur, Rosa, Sœur Marie-Clémentine.
Recevez, avec ces quelques chapitres, l’expression de ma plus vive et plus
sincère affection à tous et à chacun.
(signé) Oncle aimant Elz.
oooooOOOOOooooo
NOS SAINTS PATRONS ET PATRONNES
(Chaque parent pourra trouver le nom de son patron ou de sa
patronne par ordre alphabétique.)
St Abel, 5 août, Iil y a trois saints)
Se Adélaide, 5 fév., (trois saintes)
St Adolphe, 11 février,
St Adrien, 9 janvier, (4 saints)
St Aimé, 31 août, (4 saints)
St Albert, 15 nov. (21 saints)
Se Albina, m, 2 juin
St Alcide (Alcide vient de St Alcidiade, 2 juin
Se Alice, 23 juin,
St Alphonse, 2 août, (6 saints)
Se Anastasie, 5 janv., (5 saintes)
St Andéol, m, 1er mai,
Anita vient de Ste Anne, 26 juillet
Annette vient de Ste Anne
Anna vient de Ste Anne
St Antoine, 13 juin, (70 saints)
St Armand, 25 mai,
St Arthur, 8 janvier,
St Angel, 4 février, (10 saints)
Se Béatrix, 29 juillet,
St Bernard, 3 déc., (40 saints)
Se Bernadette, 15 février,
Se Berthe, 3 juillet,
Blanche n’est pas d’une sainte,
Se Blandine,m, 2 juin,
St Bruno, 6 octobre, (3 saints)
St Camille, 18 juillet,
Se Cécile, 22 nov., (8 saintes)
Se Claire, (Clairina), 10 février, (8 stes)
St Clément, 20 janv., (28 saints)
Se Clémence, 21 mars et 2 janv.,
St Cléophas, 25 sept.
St Conrad, 19 février, (11 saints)
St Cléomène, 23 décembre,
St Cyrille, 28 janv., (26 saints)
Se Delphine, (Delphina), 26 novembre,
St Donat, 11 janvier, (48 saints)
St Edgar, 8 juillet,
St Edmond, 16 nov., (6 saints)
St Edouard, 18 mars, (3 saints)
Émile de saint Émilien, 8 janvier
St Émile, 1er févr., (10 saints)
Émilia de saint «Émilienne
St Elzéar, 27 sept., (2 saints)
Se Emma, 19 avril,
St Eméry, 16 juillet,
Ernest de St Ernée, 9 août,
St Etienne, 2 janv., (67 saints)
St Eucher, 20 févr., (5 saints)
Exina de Alexina, St Alexis, 12 févr.,
Exilda, inconnue, ainsi que Xilda.
St Félex, 1er janvier, (130 saints)
Se Flore, 5 oct, (5 saintes)
St Fortunat, 9 janvier, (30 saints)
St François, 5 février, (55 saints)
Se Françoise, 6 février, (12 saintes)
St Georges, 8 janvier (30 saints)
St Gérard, 5 avril (20 saints)
St Germain, 21 févr., (28 saints)
Se Germaine, 10 févr., (4 saintes)
Se Gertrude, 17 mars, (7 saintes)
St Henri, 16 janv., St Hermas, 9 mai,
St Hermann, 7 mars, St Horace, 7 mai,
St Honorat, 16 janv. (16), St Hormisdas, 22 av
St Ignace, 1er févr. (16)
Se Irène, 22 janv., (14 stes)
St Irénée, 10 févr., (8)
St Jean-Baptiste, 24 juin, (16 saints)
St Jean, 12 janvier, (450 saints)
Se Jeanne, 16 janvier, (42 saintes)
Jeannette de ste Jeanne,
Jean Paul, voir Jean et Paul,
Jean Noël, voir Jean et Noël
Josaphat, st, 12 nov.,
St Joseph, 19 mars, (35 saints)
Juliette, de ste Julitte, 18 mai,
de ste Julienne, 29 février,
Laurette de Sainte Laure, 19 octobre,
Laura de ste Laure,
Léa et Léo de st Léon, 22 janv., (40 saints
Lina de st Lin, 23 sept.,
Lisa de Elise, St Elie,
St Louis, 5 février (35 saints)
Se Louise, 31 janvier, (6stes),
Ste Lucille, 29 juillet,
St Lucien, 3 janvier, (25 saints)
Lucienne de st Lucien.
Marie, la ste Vierge, tous les noms qui
en dérivent comme Maria, Merry, Mariette,
Marielle, et tous les noms composés….
comme Marie-Louise, Marie-Ange, etc ont Marie pour patronne……
St Mathias, 30 janvier, (4)
St Marcel, 16 janvier, 32 saints)
Ste Marguerite, 23 janvier, (32 saintes)
St Napoléon, 15 août,
St Noel, 13 Mai, (6 saints)
St Norbert, 6 juin,
St Olivier, 27 mai,
Se Olympe, 17 décembre,
St Omer, 9 septembre,
Olivia de ste Olive, 5 mars,
St Origène, 23 avril
Onil inconnu…..
Oscar de Oswald, 15 octobre
Saints Paul, Philippe et Pierre, apôtres,
St Raymond, 23 janv., St Robert, 4 janv, (25)
St Roland, 20 mars, (4), St Rodolphe, 17 avr.
St Rock, 14 févr., (6), Ste Roe (Rosa) 16 mai
Rose de Lima, 30 août, Rose Alma (ste Rose)
Simonne de saint Simon, 3 février,
Sylvio de St Sylvien, 9 octobreSte Thérèse, 15 oct. (3), St Toussaint.
St Victor, 1er janvier, (70)
St Vital, 2 janvier,
St Wilfrid, 15 février, (3)
Xavier de saint François Xavier, 19 déc.,
Yvonne de Yvon St Yves, 25 avril. (6).
Nous devons aussi invoquer les saints dont nous portons les noms sur notre
baptistère. Généralement tous les garçons prennent le nom de Joseph, et les
filles le nom de Marie, avec les autres noms que les parrains ou les parents
font inscrire sur le baptistère.
oooooOOOOOooooo<
TABLE DES MATIÈRES
Préface, par Émile Pellerin……………………………………….
Dédicace des « Souvenirs et Légendes »…………………………
Avant-Propos, par l’auteur……………………………………….
La Vieille Maison, (ses plaisirs)…………………………………
La Vieille Maison, (ses deuils)…………………………………. .
Une pêche miraculeuse…………………………………………..
Le petit Cheval Vert……………………………………………..
Mon moine………………………………………………………
Le vieux fusil……………………………………………………
Le spectre blanc…………………………………………………
La lampe de chez nous………………………………………….
A la gomme d’épinette………………………………………….
Un pétard à la petite école………………………………………
Mes premières amours……………………………………….…
Une belle âme, petite Rosa………………………………….….
Ma bonne maman………………………………………………
Le métier de bois franc…………………………………………
Mon petit chien, « Tifin »………………………………………
Les trois choches……………………………………………….
Mon église paroissiale………………………………………….
Le père Courtois, forgeron……………………………………..
Louison Sarrasin, cordonnier…………………………………..
Dialogue des choses qui s’en vont……………………………..
Dialogue des Choses…..(le soir)……………………………….
Les Gipsys………………………………………………………
Maîtresse d’école………………………………………………..
Jeteux de sorts…………………………………………………...
Le mois de Marie, de mon temps……………………………….
La mère Tousin……………………………………………………
Le docteur Damase Larue………………………………………….
Les premiers cavaliers……………………………………………..
Dans le jardin………………………………………………………
Mon baptistère…………………………………………………….
La laiterie………………………………………………………….
Cécile et Oscar……………………………………………………..
Dans ma paroisse…………………………………………………..
Chez mon oncle Alphonse…………………………………………
Aux fraises…………………………………………………………
La vache rouge…………………………………………………….
Le boulanger, (Fafard-Houle)……………………………………..
Le four à pain………………………………………………………
Nos moutons………………………………………………………
Les quêteux……………………………………………………….
Au feu, au feu, chez Lemaire……………………………………..
Le brayage du lin…………………………………………………
Les supertitieux…………………………………………………..
Le bureau de Poste……………………………………………….
Le chat jaune……………………………………………………..
Le nid D’oiseaux…………………………………………………
Tigime Watkins…………………………………………………..
Madame Goudreau du « dix »……………………………………
Le crieur public………………………………………………….
Grande séance……………………………………………………
Les deux grands bœufs…………………………………………..
Les bossus, conte………………………………………………….
Poésie, Vogue ma nacelle………………………………………..
Aux bleuets………………………………………………………..
Une indigestion………………………………………………….
J’étais trop petit………………………………………………….
En souliers de bœuf……………………………………………...
Sous les érables…………………………………………………..
La première neige………………………………………………..
La messe à la maison…………………………………………….
La maison de naissance………………………………………….
Triomphe d’un député……………………………………………
Nu-pieds………………………………………………………….
Mes trois pièces d’argent…………………………………………
Un échange……………………………………………………….
Kantara-Leclair……………………………………………………
Allons voir le petit Jésus………………………………………….
Dans la forêt de Wickham………………………………………..
Un appel aux malades……………………………………………
Un tour de voiture………………………………………………..
En raquettes………………………………………………………
Le père Allard……………………………………………………
Le trésor inconnu, conte…………………………………………
Au catéchisme……………………………………………………
Watkins l’hypnotiseur……………………………………………
Charmant ruisseau………………………………………………..
Un voyage en bœuf………………………………………………
La Petite-Rue…………………………………………………….
Une fête à l’école…………………………………………………
Une épidémie de sauterelles………………………………………
Le miracle du puits……………………………………………….
Sur la « tasserie »…………………………………………………
La première chapelle……………………………………………..
La première église………………………………………………..
Premiers habitants………………………………………………..
Le grand lévrier gris………………………………………………
Le Pont-Rouge……………………………………………………
Le vieillard maudit……………………………………………….
Dialogue amusant…………………………………………………
Érection du diocèse de Nicolet……………………………………
Mon chapeau de paille…………………………………………….
La messe de minuit………………………………………………..
Le grand diable……………………………………………………
Tous mes rêves……………………………………………………
Mes premières étrennes……………………………………………
Le secret de Headville…………………………………………….
L’homme sans bras……………………………………………….
Michel le tueur……………………………………………………
Effet d’un beau tableau…………………………………………..
Le printemps en hiver……………………………………………..
Un mauvais jour de l’An…………………………………………
Le cavalier mystérieux……………………………………………
Fête dans la forêt………………………………………………….
Les étapes de la vie……………………………………………….
Tristesse et bonheur………………………………………………..
Les oiseaux blancs…………………………………………………
Le vieux cimetière…………………………………………………
Nos concerts à la maison…………………………………………..
Épidémie de maringouins…………………………………………
Étendons nos bas………………………………………………….
Le petit pont……………………………………………………….
Le vieillard et sa famille…………………………………………..
Tardif sauvé des eaux……………………………………………..
Chansons de papa…………………………………………………
Une fête à la tire………………………………………………….
Tout en tricotant………………………………………………….
Dans la maladie…………………………………………………..
Les quatres saisons………………………………………………
Ma tendre mère…………………………………………………..
Une vengeance……………………………………………………
L’enfant Terrible………………………………………………….
Carlos et bébé……………………………………………………..
Les deux petits désobéissants…………………………………….
Une conversion……………………………………………………
Vision du ciel……………………………………………………..
Grand’mère Gendron……………………………………………..
Mon premier voyage à Ste-Anne de Beaupré…………………….
Mes cerfs-volants…………………………………………………
Cirque de Louis Cyr………………………………………………
Pique-nique……………………………………………………….
Mon petit coffre………………………………………………….
Printemps, été, automne, hiver……………………………………
Un roman dans la forêt……………………………………………
La première culotte d’Oscar………………………………………
Mon entrée au séminaire………………………………………….
Sommeil de l’enfant………………………………………………
Tempérance de papa………………………………………………
Deux petits confesseurs de la foi…………………………………
Ephémérides………………………………………………………
Ce que fit mon père……………………………………………….
Le blé qui lève…………………………………………………….
Oncles et tantes……………………………………………………
Cousins et cousines………………………………………………..
Mes vacances d’écolier……………………………………………
Une réception d’évêque…………………………………………...
Le vieux riche, conte,…………………………………………….
La petite rivière Noire……………………………………………
Heures du soir, poésie……………………………………………
Un sermon de circonstance………………………………………
La belle bergère, conte……………………………………………
Compagnons et compagnes d’école…………………………………
Un loup-garou………………………………………………………
La probité, morceau récité…………………………………………..
Mes deux petites sœurs……………………………………………..
Ce qui reste à dire…………………………………………………..
Nos Saints Patrons………………………………………………….
Table des matières………………………………………………….
Extraits des registres……………………………………………….
Conculsion et réflexions……………………………………………
oooooOOOOOooooo
EXTRAITS DES REGISTRES
Baptistère de Clément Bonin
Le quatorze janvier mil huit cent soixante, (1860), nous prêtre soussigné,
curé de cette paroisse, avons baptisé Clément, né hier du légitime mariage
de Bruno Bonin, cultivateur, et d’Olympe Gendron de cette paroisse. Le parrain
a été Jean-Baptiste Bonin, et la Marraine, Esther Morin, qui, ainsi que le
père, ont déclaré ne savoir signer.
(signé) :
Trs-Ls l’Heureux, ptre
Lequel Extrait, nous prêtre soussigné, curé de la paroisse de la Sainte
Trinité de Contrecoeur, certifions être vrai et en tout conforme au régistre
original déposé et conservé dans les archives de la paroisse de la Sainte
Trinité de Contrecoeur. En foi de quoi nous avons signé les présentes à
Contrecoeur, le 17 Mai 1929.
(signé) : Z. Thérien, ptre, curé
oooooOOOOOooooo
Baptistère de Exina Gendron
Ce vingt-sept juillet mil huit cent soixante-cinq (1865), nous prêtre curé
soussigné, avons baptisé Marie-Anne Xida, née hier du légitime mariage de
Norbert Gendron, cultivateur de cette paroisse et de Clémence Cormier. Parrain,
Hypolite Gendron, marraine Delphine Desmarais, qui, ainsi que le père, ont
signé avec nous.
(signé) : Delphine Desmarais,
Hypolite Gendron,
Norbert Gendron,
J.B. Dupuy, ptre, curé.
Lequel extrait, nous prêtre curé de Saint Antoine soussigné certifions
être conforme à l’original déposé dans les archives de la cure de la dite
paroisse Saint-Antoine, le 18 Mai 1929
(signé);
P.-Ant. Trudeau, ptre, curé
oooooOOOOOooooo
(Extrait certificat mariage, Clément Bonin et Exina Gendron)
Presbytère Saint-Antoine, Comté de Verchère, Que.
F 7 M.21 Bonin Clément et Gendron Marie-Exina (alias Marie-Anne (Zida)
« Ce dix-neuf octobre mil huit cent quatre vingt-cinq, après la
publication de trois bans de mariage faite au prône de nos messes paroissiales,
entre Clément Bonin, menuisier, domicilié à Contrecoeur, fils majeur de
Bruneau Bonin cultivateur et de Olympe Gendron de Contrecoeur d’une part; et
Marie Exina Gendron, domiciliée en cette paroisse, fille mineur de Norbert
Gendron cultivateur et de Clémence Cormier de cette paroisse d’autre part,
les partis ayant obtenu dispense du troisième au troisième degré de parenté,
ainsi que du quatrième au quatrième degré, du révérend Jos. Alphonse
Gravel, vicaire Général de ce diocèse, nous prêtre soussigné curé, avons
reçu leur mutuel consentement de mariage et leur avons donné la bénédiction
nuptiale en présence de Bruneau Bonin, père de l’époux, de Norbert Gendron,
père de l’épouse, et de plusieurs autres parents et amis, dont quelques-uns
ont signé avec nous.
(signé) :
Marie-Exina Gendron,
Clément Bonin
Norbert Gendron,
Bruno Bonin,
Hypolite Gendron,
Horace Gendron,
J.B. Dupuy, ptre, curé.
Lequel extrait, nous soussigné curé de Saint-Antoine, certifions être
conforme à l’original déposé dans les archives de la cure de la dite
paroisse.
Saint-Antoine, le 18 Mai 1929.
(Signé) : P. Ant. Trudeau, ptre, curé
Les liens de parent ; comparez le tableau 1 et le tableau 2 (par
Jean-Louis Bonin)
Clément Bonin
|
M-Exina Gendron
|
pre: Bruno Bonin
|
pre: Norbert Gendron
|
grand-pre: Jn-Baptiste Bonin
|
grand-pre: Antoine Gendron
|
grand-mre: M-Louise
Audet Lapointe |
grand-mre:
M-Euphrosime Audet |
arr. grand-pre: Jean-Baptiste Audet Lapointe
(pre de M-Louise) |
arr. grand-pre Jean-Baptiste Audet
(pre de M-Euphrosime) |
arr. grand-mre: Anglique Bartin
(mre de M-Louise) |
arr. grand-mre Anglique
Bartin
( mre de M-Euphrosime) |
Parents au troisième degré par les grand-mères
|
et, parents au quatrième degré par les arrière-grand-pères
et arrière-grand-mères
|
oooooOOOOOooooo
Enfants de Clément Bonin et de Exina Gendron
1886 |
Joseph, né à St-Antoine, déc, bébé |
1887 |
Clairina, née à St-Antoine, le 12 août |
1888 |
Jean_Paptiste, né à St-Germain, 9 août |
1889 |
Maria, née à St-Germain, le 23 septembre |
1891 |
Elzéar, né à St-Germain, le 31 juillet |
1893 |
Rosa, née à St-Germain, le 17 janvier |
1894 |
Rodolphe, né à St-Germain, le 26 avril, déc |
1895 |
Wilfrid, né à St-Germain, 18 octobre |
1897 |
Blandine, née à St-Germain, le 30 septembre |
1899 |
Oscar 1er, né à St-Germain, 30 juillet, déc |
1901 |
Cécile, née à St-Germain, le 30 janvier, déc |
1902 |
Oscar (2), né à St-Germain, le 14 septembre |
ACTE DE SÉPULTURE DE MAMAN
Saint-Germain, mil neuf cent onze (1911)
Le vingt-neuf mai mil neuf cent onze, nous prêtre soussigné, avons inhumé
dans le cimetière de cette paroisse le corps de Marie Anne Alexina Gendron,
épouse de Clément Bonin, agée de quarante cinq ans et dix mois décédée l’avant-veille.
Étaient présents à l’inhumation : Clément Bonin, Horace Gendron et
autres qui ont signé avec nous,. Lecture faite.
(signé) :
Clément Bonin
Horace Gendron,
J. Baptiste Bonin,
Maria Bonin,
Elzéar Bonin,
Wilfrid Bonin,
Oscar Bonin,
Wilfrid Béliveau
E. Gravel, ptre
Lequel extrait, nous prêtre curé soussigné, certifions être conforme au
registre original déposé dans les archives de la dite paroisse.
(signé) : Edgar Laforest, ptre
Saint-Germain, le 24 Mai 1929
oooooOOOOOooooo
Si le bon dieu a fait l’âme à son image et à sa ressemblance, c’est
Dieu seul qui doit la combler de sa présence pour lui donner le bonheur
éternel un jour.
oooooOOOOOooooo
CONCLUSIONS
RÉFLEXION : LA VIE FAMILIALE
Les mille et une manifestations de la vie familiale, c’est d’abord l’amour
qui doit régner entre les époux, entre les parents et les enfants et
vice-versa, entre les enfants frères et sœurs. C’est pour les enfants, l’obéissance
absolue aux parents, sans marchandage. C’est l’affection qui germe dans le cœur
au contact de celle des parents, c’est la reconnaissance qui naît dans cette
atmosphère affectueuse, c’est le respect qu’inspirent la dignité, la
douceur sans faiblesse, et le dévouement sans borne du père et de la mère. Ce
sont les bienséances chrétiennes qui donnent à la vie familiale un charme
incomparable : politesse et déférence envers les frères et les sœurs,
envers les parents et les grands-parents, c’est la dignité des filles en
présence des cousins, des amis, de tous ceux qui pénètrent dans le foyer. Les
qualités perfectionnées dans la jeunesse forment la base solide d’une vie
future heureuse et fructueuse.
Dans la constitution divine du royaume de la famille, rien n’est laissé au
hasard : comme dans une ruche bien ordonnée chacun, suivant son âge, son
talent et ses forces, doit apporter sa part de butin au foyer. Le travail
quotidien du père donne le couvert, le pain et les vêtements; le labeur
incessant de la mère, sa bonne administration intérieure de la maison, son
habilité aux travaux ménagers, son zèle inlassable, sa bonne humeur, rendent
le foyer attrayant et prospère; la tâche confiée à chaque enfant, selon son
âge, ses talents et ses aptitudes physiques, travail manuel ou scolaire, tâche
remplie avec entrain, méthode et bon vouloir, fait le bonheur des parents et
prépare l’avenir des enfants.
Le bourdonnement de la ruche familiale est harmonieux et favorise la bonne
éducation des enfants, à qui chaque jour procure des joies nouvelles. Tous les
matins le père et la mère se rappellent cet ordre de Dieu consigné dans le
livre des Proverbes : « Élevez bien votre fils et il rafraîchira
votre cœur et il fera les délices de votre âme ». (Prov.XIX)
Et le soir venu, quand tout dort dans la ruche paternelle, le père et la
mère après avoir examiné la tâche accomplie dans la journée, relisent dans
leur cœur ces graves paroles au livre l’Ecclésiastique : « Celui
qui aime ses enfants ne se lasse pas de les corriger, espérant qu’il trouvera
par-là, en eux, son bonheur à la fin de ses jours, et qu’il ne les verra pas
mendier aux portes ». (Eccl.XXX.)
Que les enfants et les jeunes gens comprennent bien les graves devoirs de
leurs parents, lorsqu’ils sont obligés de corriger : Qui bene amat, bene
castigat. Celui qui aime bien, châtie bien.
Écoutez ces paroles saintes :
« Vous avez des enfants, donnez-leur une bonne éducation et accoutumez-les,
dès la plus tendre enfance, au joug de l’obéissance. » (Eccl.VII)
« Ce n’est point aimer son fils que de lui épargner des châtiments :
quand on l’aime véritablement, on s’applique à le corriger ». (Prov.VIII.)
« Le cheval qu’on n’accoutume point au mors devient indomptable; l’enfant
abandonné à ses caprices ne connaît plus de frein. » (Eccles.)
« Ne laissez pas votre fils vivre sans discipline et sans règles. »
(Prov.33).
Après ces graves paroles de la Sainte Écriture, les enfants et jeunes gens
doivent mieux comprendre l’obligation des parents d’être sévères en
certaines circonstances et c’est un devoir sacré aux enfants d’obéir sans
raisonner. Lisez ces paroles des Proverbes (33,14) : « Si vous l’élevez
avec fermeté, vous le délivrez de la mort ». Alors, lorsqu’un enfant
refuse d’obéir à ses père et mère, il s’attire des malédictions
qui font la tristesse des parents et qui le conduisent à la mort de l’âme,
et exposent considérablement son salut éternel.
Les paroles qui précèdent peuvent se résumer en deux mots : autorité
et respect : c’est-à-dire, emprise des parents sur la volonté des
enfants et soumission complète des enfants à leurs parents.
Voilà le bonheur au foyer. Qui sera assez sot pour venir le troubler? Qui
sera assez aveugle pour ne pas voir tant de bonheur dans l’obéissance
complète? Qui serait assez idiot pour laisser tomber sur sa tête des malheurs
sortis de la désobéissance? Qui rechercherait ailleurs le vrai bonheur? Qui
refuserait de remplir son cœur de l’amour familial, son esprit de la science
puisée au sein de la famille, son âme des bénédictions promises aux enfants
soumis et obéissants?
Si le bon Dieu a fait l’intelligence pour comprendre, acceptons la vérité
qui coule de source soit des parents, soit de ceux qui ont de l’expérience,
soit de l’Église par la bouche de ses prêtres, soit encore de la Sainte
Écriture inspirée par l’Esprit-Saint aux prophètes de l’Ancien Testament.
Si le bon Dieu a créé le cœur pour aimer, sachons choisir l’objet de nos
amours. Dieu d’abord, nos parents ensuite, tous ceux qui nous font du bien.
Quand on laisse entrer dans le cœur des affections mauvaises on le corrompt et
Dieu s’en éloigne.
Prêtres, Religieux et Religieuses de la paroisse de St-Germain-de-Grantham,
depuis sa fondation.
(document collé à la fin de son livre)
Nous donnerons ainsi, au fur et à mesure qu’elles arriveront, les listes
de vocations religieuses et sacerdotales de nos paroisses du diocèse de
Nicolet, quittes à revenir plus tard, pour chacune, avec ses notes historiques.
Il ne doit pas y avoir d’inconvénient à ce qu’il soit question deux fois
dans nos Annales de nos bonnes paroisses.
Prêtres :
L’abbé Alphonse Rainville, décédé.
L’abbé Jean-Baptiste Pinard, décédé.
L’abbé Joseph Letendre, curé de Gentilly.
Rev. Père Benoit Bourbonnière, Prieur des Dominicains, St-Hyacinthe.
L’abbé Charles-Edouard Baillargeon, curé de Saint-Fulgence.
L’abbé Elzéar, curé de Sainte-Elisabeth.
Rév. Père Jules Laferté, O.M.I., Montréal.
L’abbé Léon Camille Saint-Pierre, Grouard.
L’abbé Florient Sylvestre, curé de Vendée.
L’abbé Charles-Edouard Rivard, Portland.
L’abbé Alphonse Landry, curé aux Cayes.
L’abbé Jean-Baptiste Mathieu, vicaire à Nicolet.
L’abbé Irénée Gauthier, vicaire
Les 2 Pères Rivard, O.M.I.
Écclésiastiques :
Rév. Antonio Rondeau, chez les Pères de Montfort.
Rév. René Sylvestre, chez les Jésuites.
Rév. Fernand Rivard, O.M.I.
Rév, Georges-Etienne Rivard, O.M.I.
Rév. Joseph-Antoine Letendre, Séminaire de Nicolet.
Rév. Lcien Béliveau, Séminaire de Nicolet
Rév. René Gauthier, Séminaire de Nicolet.
Religieux, Frères :
Rév Frère Adélard Leclerc, Jésuite.
Rév. Frère Auguste Gauthier, Frère de Saint-Gabriel.
Rév, Frère Hilas Leclair, La Trappe, Oka.
Rév. Frère Hector Benoit, en religion Fr. Marcellin, Religieux de
Ste-Croix.
Religieuses :
Révde Sr St-Jacques-Isaïe, née Olive Leclair, Précieux-Sang.
Révde Sr Marie des Sept Douleurs, Sophie Leclair, Bon-Pasteur.
Révde Sr S.-Didace, Mathilde Saint-Pierre, Bon-Pasteur.
Révde Sr Saint-Nom de Jésus, Véronique Leclair, Précieux-Sang.
Révde Sr Saint-Nom de Marie, Perpétue Leclair, Précieux-Sang.
Révde Sr Adélard, E. Leclair, Précieux-Sang.
Révde Sr Marie-Alphonse de Ste-Catherine, Petite Sœurs des Pauvres, née
Évangeline Barnabé.
Révde Sr Marie de la Visitation, Marie Trahan, Précieux-Sang.
Révde Sr Saint-Jean-Baptiste, Régina Trahan, Précieux-Sang.
Révde Sr Marie-Louise, Marie-Louise Lafleur, Sœur Grise.
Révde Sr Thérèse de Marie, Eva Corriveau, Précieux-Sang.
Révde Sr Saint-Antonin, Lydia Roy, Sœur de Sainte-Croix.
Révde Sr Marie-Georges-Etienne, Aldegonde Pivin, La Présentation.
Révde Sr Saint-Armand, Cédonia Rivard, Sœur de Saint-Joseph.
Révde Sr Jésus Marie Joseph, Léda Neiderer, Précieux-Sang.
Révde Sr Sainte-Anne de la Providence, Marie Paul, Sœur de Sainte-Croix.
Révde Sr Paul de Jésus, Regina Mathieux, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Marie-Clémence, Laudia Mathieu, Sœur de l’Assemption.
Révde Sr Sainte-Jeanne d’Arc, Rose-Alma Carpentier, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Marie-Edmond, Laura-Alma Tessier, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Gilmain, Laura Sarrazin, Sœur Grise, Montréal.
Révde Sr Marie-Alphonse, Pulchérie Houle, Sœur des Cinq-Plaies.
Révde Sr Girard, Aurée Girard, Sœur Grise.
Révde Sr Marie de la Rédemption, Eugénie Gauthier, Précieux-Sang.
Révde Sr Saint-Anselme, P. Bergeron, Sr de Saint-Joseph, St-Hyacinthe.
Révde Sr Saint-Fulgence, Florida Houle, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Marie de Sion, Marie Mathieu, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Ste-Rose de l’Eucharistie, Corona Mathieu, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Joseph de l’Enfant-Jésus, Lucia Mathieu, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Fafard, Adélaide Fafard, Sœur Grise.
Révde Sr Saint-Dieu Donné, Rose-Alma Fafard, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Goudreau, Robertine Goudreau, Sœur Grise.
Révde Sr Saint-Benjamin, Flora Goudreau, Sœur Grise.
Révde Sr Sainte-Marcella, Marie-Anne Coderre, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Sainte-Marthe, Bernadette Barette, Sœur de Sainte-Marthe, St-Hyacinthe.
Révde Sr Marie-Clémentine, Rosa Bonin, Petite Sœurs des Pauvres.
Révde Sr Albert de Marie, Rosa Béliveau, Sœur de l’Assomption
Révde Sr Sainte-Lucie, Célia Paul, Bon-Pasteur, Montréal.
Révde Sr L’Ange-Gardien, Maria Blanchard, Sœur Grise, St-Hyacinthe.
Révde Sr Saint-Antoine de Padoue, Aldina Blanchard, Précieux-Sang, Lévis
Révde Sr Marguerite de Savoie, Aldéa Blanchard, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Saint-François d’Assise, Azildée Blanchard, Sœur Grise, St-Hyacinthe.
Révde Sr Saint-Bernardin, Marie-Anna Blanchard, Sœur Grise,
Saint-Hyacinthe.
Révde Sr Des Cinq-Plaies, Anna Letendre, Précieux-Sang, Nicolet.
Révde Sr Cliothilde, Eva Houle, sœur de l’Assomption.
Révde Sr Marie-Gélase de Jésus-Hostie, Yvonne Doyon, Sœur Franciscaine,
Québec.
Révde Sr Marie-Alphonse, Anastasie Houle, :Petite Sœurs des Pauvres.
Révde Sr Louis-Joseph, Ida Vallée, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Sainte-Aristide, Maria Vallée, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Sainte-Alberte, Rose-Alma Vallée, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Marie de l’Enfant-Jésus, Adela Héroux, Précieux-Sang, Nicolet.
Révde Sr Marie de l’Immaculée-Conception, Amanda Héroux, Sœur Grise,
Nicolet.
Révde Sr Marie de Lourdes, Aldéa Belhumeur, Précieux-Sang, Lévis.
Révde Sr Emélie, Emélie Manseau, Sœur Grise, Montréal.
Révde Sr Thérèse de Jésus, Françoise Fleurant, Précieux-Sang, Rome.
Révde Sr Sainte-Emérentienne, Berthe Fleurant, Missionnaire de l’Immaculée-Conception.
Révde Sr Sainte-Aurée, Aurée Corriveau, Sœur Grise, Nicolet.
Révde Sr Sainte-Marthe, Rosanna Leclair, Sœur Sainte-Marthe.
Révde Sr Saint-Sylvestre, Anita Sylvestre, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Saint-Charles de Marie, Marguerite Martel, Sœur de l’Assomption.
Révde Sr Jean des Lys, Bella Prud’homme, Sœur de l’Assomption.
BIOGRAPHIE
BONIN, l’abbé Elzéar
FAMILLENé à Saint-Germain-de-Grantham, le 31
juillet 1891, de Clément Bonin, menuisier, et de Exina Gendron. Études
classiques (1906-1914) et théologiques (1914-1917) au Séminaire de Nicolet.
Ordonné prêtre le 23 septembre 1917, dans la chapelle du Séminaire de
Nicolet par Mgr Hermann Brunault, évêque de Nicolet. Vicaine à Saint-Wenceslas
(3 octobre 1917 – 27 février 1918). Vicaire à Warwick (27 février – 7
juillet 1918). Au séminaire de Nicolet : professeur d’Éléments (1918
– 1919); professeur de Syntaxe (1919 – 1924); directeur des élèves
(1924-1927); professeur de Syntaxe (1927-1930).
Desservant de Saint-Elphège (27 août – 17 octobre 1930). Vicaire à L’Avenir
(17 octobre 1930 – 11 mars 1931). Vicaire à Gentilly (11 mars 1931 – 26
janvier 1933). Ministère à Kingsey Falls jusqu’au 28 février 1933.
Curé de Sainte-Élizabeth-de-Warwick (28 février 1933 – 2 septembre
1942). Curé de Wickham (2 septembre 1942 – 18 juin 1947).
Décédé à l’Hôtel-Dieu de Montréal le 18 juin. Inhumé dans le
cimetière de Wickham.
Référence, livre, Le Clergé du diocèse de Nicolet 1885-1994, page 118,
par Maurice Fleurent. |