COMME S'IL VOYAIT L'INVISIBLE

Aujourd'hui, je viens vous parler de notre père Alcide.  Vous savez qu'on pourrait en parler des heures.  J'ai décidé de vous parler d'Alcide le croyant parce qu'il me semble qu'il a vécu sa foi d'une façon particulière.

Je vous ferai même la confidence qu'Alcide m'intriguait beaucoup quand il parlait des signes que Dieu lui envoyait.  C'est pourquoi je m'étais mis à le voir comme l'homme des signes.

J'ai suivi Alcide  surtout dans le dur combat qu'il a mené avant et après la grave opération de 1982.  Je l'ai vu aux prises avec la terrifiante anxiété d'avancer dans
la vie en sachant bien que sa possibilité de s'oxygéner était extrêmement mince.

Puis, il y a quelque chose qui est devenu de plus en plus évident;
cet homme-là avançait dans la noirceur comme s'il voyait des choses que nous ne voyions pas.  Les jours se succédaient et son était de santé s'améliorait comme s'il mettait toujours les pieds sur du terrain solide.  J'en suis venu à me dire que papa s'en allait dans la vie comme s'il voyait l'invisible. 

Et là, je me suis souvenu d'une phrase de la Bible appliquée à Moïse conduisant son peuple dans le désert vers la terre promise.  Ce bout de phrase, c'était justement: comme s'il voyait l'invisible.  Supposément que Moïse a eu l'immense faveur de voir Dieu dans un face à face; depuis mardi matin, Alcide aussi a cette chance-là.  Mais il faut savoir que le plupart du temps Moïse et Dieu ont
communiqué à travers des signes.  Rappelez-vous le signe du buisson ardent où Moïse a eu sa mission.  Comme il avait trop peur, Dieu lui a prouvé par des signes qu'il l'assisterait tout le temps; le principal signe de tous, ça été la nuée qui devançait toujours la marche de Moïse dans le désert.  Dieu étant présent dans la nuée, Moïse savait toujours qu'il était dans la bonne direction.   

Remarquez bien, tous les êtres humains sont des êtres de signes.  Cependant, certains en font une spécialité; Alcide a été du groupe.

1- Papa a toujours fait beaucoup de signes; il gesticulait en parlant.
Combien de fois nous a-t-il signifié par où passer par un signe du doigt, des yeux, du ton de la voix, du petit coup frappé sur la table ?  Combien de fois s'est-il signé au signe de la croix et combien de fois a-t-il béni notre table d'un geste large et pieux ?  Combien de fois a-t-il participé aux sacrements, signes par excellence du contact avec Dieu? 

Puis, avec l'avènement de sa terrible maladie, marchant dans la noirceur comme s'il voyait l'invisible, n'est-il pas devenu pour nous tous, dans sa personne même, un signe de Dieu? 

Où il est devenu intriguant, c'est quand le besoin de signes est devenu plus fort parce que sa détresse grandissait.  Quand il sentait le sol disparaître sous ses pieds, on comprend qu'il se soit mis, avec frénésie, à la recherche de nouveaux signes d'un caractère inhabituel.  C'est pour dire, qu'Alcide, avec son fonctionnement par signes, a suivi sa route vers sa terre promise de telle sorte que tout le monde a été impressionné par la façon dont il a survécu si longtemps  à une si grave maladie. 

2- Tous nous avons pu remarquer, parmi tous les signes de Dieu, deux anges gardiens que Alcide a su reconnaître et auprès de qui il a puisé courage pour continuer.  Anne-Marie, ange de douceur et de patience a été pour Alcide le signe de l'immense amour de Dieu;  Claire, ange de disponibilité et de service, a été pour Alcide le signe de l'inlassable attachement de Dieu.  Au nom d'Alcide et de la famille, toute notre gratitude.

En terminant, je m'adresse à toi papa, qui de ta place là-haut nous regardes et entends aujourd'hui.  Je te rends au nom de tous un profond hommage car, en étant un homme de signes, tu nous a marqués d'une façon particulière.  Dorénavant, à chaque fois que nous aurons souvenir de toi, tu seras là comme un signe de Dieu que Dieu nous invite à déchiffrer sur la route qui conduit à la
Terre Promise.

                                                  Jean-Louis


 

Alcide Bonin

-Né le 16 février 1912 à Woonsocket, R.I. USA
-Marié à Anne-Marie Lemire le 11 septembre 1937 en l'Église St-Frédéric
 de Drummondville.
-Décédé à l'hôpital Ste-Croix de Drummondville le 29 janvier 1991.
-Cause du décès, cancer de poumon.
-Service religieux le 2 février 1991, Église St-Simon de Drummondville.
-Mise en terre le 2 février 1991 au cimetière de la rue St-Pierre à Drummondville
 (lot #I-25, section3)