CHAPITRE 1
LES ANCÊTRES
1. Nicolas, mon premier ancêtre.
2. Jean-Baptiste, le cinquième ancêtre.
3. Bruno et Clément; charpentiers.
4. Clément, l'artisan.
5. Clément, le croyant.
6. Clément, le drôle.
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1. Nicolas, mon premier
ancêtre.
Mon ancêtre, Nicolas Bonin, dit St-Martin, est né vers 1645
de Louis Bonin et de Marie Josneau à St-Martin, Ile-de-Ré, sur
la côte Atlantique de la France. Il émigra au Canada en
qualité de soldat dans le célèbre régiment de Carignan en
1665. Après son licenciement en 1667, il s'établit sur la
Seigneurie de son ancien capitaine, Pierre de St-Ours. En 1685,
on le retrouve à Contrecoeur où il épouse Marie-Marthe Emery.
Le couple a eu cinq garçons et trois filles. La descendance de
Nicolas peupla surtout la vallée du Richelieu, les Basses
Laurentides et l'Ile de Montréal. Quelques braves ont émigré
en Ontario et dans l'Ouest canadien; d'autres, à la recherche
d'emplois payants, sont allés rejoindre les Français de la
Nouvelle-Angleterre.
2. Jean-Baptiste, le
cinquième ancêtre.
Un jour, en 1826, Jean-Baptiste, (Batissette de surnom)
décida d'aller passer l'hiver aux chantiers. Après avoir
embrassé Marie-Louise, son épouse, il se rendit à Mont-Royal
(aujourd'hui Montréal) afin de prendre le train pour Québec. Ce
gros engin à vapeur dont la vitesse était à peu près celle du
trot du cheval, avait des roues en bois avec des cerceaux en fer.
De Québec, il partit à pied dans la direction de La Tuque car
il n'y avait pas de trains dans cette direction-là. Arrivé au
chantier, il eut la chance de signer un papier lui garantissant
du travail pour six mois. Après cela il partit pour Québec se
présenter à la Banque Impériale pour retirer sa paye. Il fut
obligé de coucher à Québec car le train de Montréal ne
partait que le lendemain matin. Il trouva un hôtel qui était
aménagé pour recevoir les gars de chantier et les trappeurs.
Après souper, il était fatigué et décida de monter à sa
chambre. Le serviteur le guida avec une chandelle posée sur son
bureau.. Batissette alluma la chandelle et qu'est-ce qu'il ne vit
pas sur son lit? Un grand rasoir. Il ferma la porte qui n'avait
pas de barrure;
elle n'avait qu'une clenche pour ouvrir et fermer. Il prit son
couteau de poche et le déposa sur la clenche pour l'empêcher de
bouger. Il déposa le rasoir sur le bureau, fit sa prière et se
coucha. Vers minuit, il entendit du "train" comme celui
d'un homme montant l'escalier; le bruit cessa vis-à-vis sa porte
de chambre et un homme lui dit d'ouvrir la porte. Batissette de
répondre: "Moi dormir tranquille, je pars demain matin pour
Montréal." Un coup de genou retentit dans la porte, la
clenche céda et un gros noir aux cheveux frisés entra dans la
chambre avec sa bougie allumée à la main. Il dit à Batissette:
"Lève-toi et remets le rasoir sur le lit." Batissette
jugea prudent d'obéir. Ensuite il dut suivre le noir hors de la
chambre et descendre l'escalier. Il pensa se garocher à
travers la vitre de la porte au bas, mais le noir le tenait au
collet avec une poigne de fer. Ils descendirent jusque dans la
cave où se trouvaient une table et une chaise sur laquelle le
noir s'assit et donna l'ordre suivant: "Prends le pic et la
pelle qui sont là et creuse un trou assez grand pour enterrer un
homme." Les dents blanches et les grosses babines du noir
faisaient peur; alors Batissette se mit à creuser; le sol était
dur comme du fer et il se sentit devenir de plus en plus nerveux.
Soudain ce fut une vraie crise de nerfs. Ne contrôlant pas son
geste, il défonça le crâne du noir avec le pic et s'enfuit
vers la porte donnant sur l'escalier et alors il se réveilla.
3. Bruno et Clément,
charpentiers.
Aux alentours de 1875, mon grand-père Clément avec mon
arrière-grand-père Bruno préparaient tout leur bois de
construction eux-mêmes; ils coupaient tout le bois nécessaire,
le transportaient où ils voulaient bâtir la maison, la grange
et la chède
à voiture. Ils équarrissaient tout le gros bois pour la
charpente. Equarrir veut dire ceci: ils posaient une corde sur la
longueur du billot; avec la hache ordinaire, ils coupaient
l'écorce et le bois jusqu'à la corde à tous les six pouces;
ensuite ils prenaient la hache à équarrir: c'était une hache
de 15 livres, affilée seulement d'un côté; ils coupaient
l'écorce et le bois sur la longueur du billot sans couper la
corde, faisaient une belle face au billot et tournaient le
billot, faisant la même chose aux 4 côtés.
Pour faire leurs planches, ils levaient leurs billots assez
haut sur des chevalets pour qu'un homme soit capable de passer
dessous. Un se tenait debout sur le billot: c'était grand-père
Clément; son père se tenait dessous avec la galender.
Ils sciaient des planches d'un pouce d'épais en suivant la
ligne. Pour faire leurs bardeaux, ils coupaient des bûches de
cèdre de 30 pouces de long et fendaient leurs bûches à tous
les pouces; ensuite, avec une plaine (sorte de couteau à 2
poignées et affilé seulement d'un côté), ils affilaient leurs
bardeaux en partant d'un pouce à un bout pour l'amincir à un
quart de pouce à l'autre bout. Toute la charpente était martoisée,
ça veut dire que les billots étaient fixés les uns aux autres
par des clous en frêne de trois quarts de pouce. Quand la
charpente était levée, celui qui désirait avoir la fille de la
maison montait sur le comble et allait installer le flag.
Clément et Bruno faisaient toute la finition eux-mêmes; ils
avaient de 70 à 75 varlopes; chaque varlope avait son couteau
spécial pouvant faire plusieurs sortes de moulures. Ces couteaux
étaient faits par le forgeron; cependant Clément et Bruno
faisaient leurs varlopes ainsi que le bloc pour tenir le couteau
sur la varlope. Grand-père Clément avait un coffre d'outils de
3 pieds de haut, par 3 pieds de large et 4 pieds de long; il
tait rempli jusqu'au bord. Dans le couvercle du coffre, il
y avait plusieurs sortes de scies, les unes pour scier sur le
long, les unes, pour le large et d'autres pour la finition.
4. Clément, artisan.
-Le tabac:
Grand-père Clément plantait environ 1500 pieds de tabac venant
de sa couche chaude; il les transplantait dans les champs au
temps des semences. Il avait un gros baril
demi rempli de
fumier de volaille dans son champ de tabac et le remplissait avec
l'eau qu'il charroyait de la coulée avec son houc (un
houc était un morceau de bois creusé au centre pour la forme du
cou); à chaque bout, il y avait une petite chaîne avec crochet
pour tenir un sceau qu'il remplissait d'eau. Tous les soirs, il
faisait une corvée pour arroser son tabac. Il nous récompensait
avec une petite boîte de cannage vide. Le dimanche, après la
messe sur le perron de l'église, les vieux venaient le voir et
disaient: "Passe-moi ta blague, Clément!". Le monde
disait qu'il avait le meilleur tabac de la paroisse. Quand les
feuilles de son tabac étaient tachetées, c'était le temps de
la récolte; le soir, au coucher du soleil, il coupait son tabac.
Marcel et moi le ramassions en tas, l'habrillions avec des sacs de jute afin
de le faire transpirer; le lendemain, chaque pied était pendu
dans le hangar au plafond et il était pressé l'un contre
l'autre afin qu'il sèche. Il était défendu d'hacher du tabac;
il disait que c'était sa job; il avait toujours une douzaine de
livres hachées d'avance. Il s'était fabriqué une tranche à
tabac avec un couteau de faux et avait patenté un bras à son
couteau. Il se faisait du tabac à chiquer mêlé avec de la
mélasse. Comme il avait peur du feu, il se prenait une chique
quand il entrait dans l'étable.
-Couches chaudes:
C'était des boîtes de bois faites assez grandes pour
être couvertes avec un châssis double; elles étaient
descendues dans un trou de 3 pieds de profond; dans le fond
étaient déposés 6 pouces de fumier de cheval couvert avec un
peu de terre, c'était le temps de transplanter les plants de
tabac, de tomates et tous les grains de plants qui avaient été
semés dans des boîtes avant le 19 mars, jour de la St-Joseph.
Quand on passait près des couches chaudes, on disait que
c'était les petites serres à Clément.
-Paniers:
Au printemps, il allait au bois dans le temps de la sève pour
plumer du frêne afin de se faire des clisses pour
empailler les chaises et faire des paniers à linge sale et aussi
pour le linge net.
-Pinceaux:
Il faisait ses pinceaux avec des clisses de frêne, il tapait un bout
de la clisse
avec son marteau sur l'enclume; il usait de pinceaux pour huiler
bottes et souliers de boeuf avec de l'huile de lin crue qu'il
faisait chauffer sur le poêle; cela mettait le cuir étanche et
souple.
-Allumettes: Il
était bien économe; il faisait des allumettes en cèdre de 18
pouces de long par un quart de pouce carré; il les déposait sur
la broche qui retenait le grand miroir devant le poêle; toute la
famille usait de ses allumettes qui étaient allumées à la
targette du poêle.
-Souliers: Une
année, il a fait 9 paires de souliers de boeuf pour les enfants;
le soulier de boeuf était fait d'un seul morceau de cuir qu'il
faisait tremper; il l'étirait sur une forme qu'il avait
fabriquée en bois.
-Outils: Il
faisait des manches de marteau, de hache, de candouques,
de baccus
avec une sorte de bois qu'on appelait bois
dur.
-Traîneau:
Une année, il avait trouvé deux racines d'orme retroussées,
semblablement; il les déterra, coupa l'orme et en fit un
traîneau qu'on appelait traîneau suisse. On l'utilisait au
printemps pour ramasser l'eau d'érable sous une tonne de
mélasse vide. On l'utilisait aussi pour ramasser les pierres
dans les champs avant de semer; on les déposait près de la
clôture; on appelait cela de la chaisse de roches ou de pierres.
-Chalumeaux: En
hiver, quand il faisait très froid, il se faisait des chalumeaux
à la main, se préparant pour faire les sucres au printemps. Les
chalumeaux étaient faits en cèdre; il les perçait avec une
petite drill manuelle;
ensuite il faisait chauffer des broches et quand elles étaient
rouges, il les sortait de la targette du poêle et les traversait
dans les chalumeaux pour faire des trous ou les nettoyer au
centre. Cela faisait une grosse fumée dans la maison.
-Sirop d'érable ou savon:
Il installait un gros chaudron en fonte de 30 pouces de
diamètre et de 24 pouces de profond; il y bouillait l'eau
d'érable. Ca servait après pour faire le savon; quand il avait
de la misère à faire son savon, cela dépendait de la lune; il
attendait que la lune change de quartier.
-Boucherie:
Quand on faisait boucherie, il demandait de garder les blagues de
cochon; avec ces blagues qu'il salait pour enlever le gras, il
faisait des bourses qui servaient de porte-monnaie; il s'agissait
d'étirer ces blagues avant qu'elles soient trop séchées;
d'autres blagues servaient pour le tabac; il leur faisait une
frange comme garniture; il perçait de petits trous avec son
poinçon dans le haut de la bourse et passait une babiche dans
les trous afin qu'elle puisse plisser.
-Set de chambre:
Il a fait un set de chambre à ma mère, à la main.
-Bricolage: Comme
le plancher était bien usé, il l'avait bien égalisé en
coupant tous les noeuds avec son rabot et son scrapeur.
-Savon:
Il faisait brûler les branches et les souches pour faire de la
terre neuve; il ramassait les cendres, les déposait dans des
sceaux de bois qu'il avait faits, faisait tremper les cendres,
les coulait; par la suite, il les utilisait comme caustic, eau
de javel, pour faire du savon du pays.
-Remèdes:
Pendant le temps des fièvres typhoïdes, il était le seul avec
Marcel, mon frère, qui ne furent pas malades. Il s'occupait de
tout: lavage, ménage, repas, commissions et courses chez le
Docteur Larue pour aller chercher des remèdes. Il n'avait jamais
de rhume car, tous les jours, il prenait une cuillère à thé de
gingembre, un peu de poivre noir, de l'eau chaude sucrée à la
mélasse.
5. Clément, le croyant.
Grand-père était un grand catholique. Quand on allait
bûcher, il marchait le premier; en chemin faisant on arrêtait
car il y avait des médailles qu'il avait accrochées à de
petits bouleaux; il récitait un pater et une invocation à
St-Joseph et on continuait notre chemin. Il faisait toujours le
signe de la croix avant de commencer son travail; il saluait
toujours Jésus en passant devant une église. Le samedi soir, il
voyait à ce que le gros baril d'eau soit plein d'eau, que le
foin soit descendu du grenier et apport près de la porte
afin qu'il ait moins d'ouvrage à faire le dimanche car il disait
que le dimanche était le Jour du Seigneur. Il brassait la baraque pour
faire le beurre et quand le beurre ne voulait pas se faire, il
jetait une médaille de St-Joseph dans la crème et ouf! le
beurre se faisait. Après la prière du soir que ma mère
faisait, suivie des litanies des saints, on le voyait, au moins
pendant 20 minutes, accoudé sur une chaise, le front accoté sur
le dossier; il disait une invocation spéciale pour chaque enfant
de sa famille, les nommant tous chacun à leur tour. Il avait
beaucoup confiance à St-Antoine. S'il perdait quelque chose, il
lui promettait de lui dire un chapelet; s'il le trouvait avant de
commencer à chercher, il allait dire son chapelet. Il avait
beaucoup de foi. Je lui dis un jour: "St-Antoine va vous
jouer un tour." Il répondit: "Il est occupé pour un
autre, mon tour va venir un peu plus tard et je suis certain de
ne pas avoir oublié de lui dire mon chapelet."
6. Clément, le drôle.
Une histoire d'endurance
Un soir, grand-père Clément se mit à rire; il pensait à
ses compagnons de classe; il nous dit cette histoire. Notre
maîtresse était bien mauvaise et un de mes compagnons ayant
parlé pour rien, elle prit sa règle de bois franc et l'ayant
appelé en avant, elle lui donna un coup sur la tête. Il lui
poussa une grosse bosse et il fut mis à la porte. Le garçon
conta à son père ce que la maîtresse lui avait fait; son père
et lui-même partirent pour aller voir le docteur et l'avocat.
Par arrangement, la maîtresse fut obligée de payer 100,00$
d'amende, ce qui équivalait à deux ans de salaire. Mais la
maîtresse devint deux fois plus agressive et alla voir le
commissaire pour donner sa démission. Le commissaire lui dit:
"Prends la strappe et donne-leur cela sur les fesses, ils
n'iront pas montrer leurs fesses au docteur!" Les gars ont
décidé de lui tenir tête; un commença le bal et se mit à se
taper dans les mains; elle commença la job; un autre fit comme le premier.
Après avoir travaillé une demi-heure, elle arrêta et se mit à
pleurer. Moi, j'avais la job de compter les coups de strappe.
Au sortir de l'école, le premier dit à l'autre: "On l'a toffée
Hein?". "Oui, de répondre l'autre, mais c'était le
temps qu'elle arrête car j'étais sur le point de
démissionner." Moi, je leur dis: "Elle était rendue
à cinquante coups."
Histoire de dents
Un soir, Alphonse, le frère de Clément, avait mal à une
dent; il demanda à Clément s'il était dentiste.
"Certain" répondit Clément qui partit dans le
bas-côté se chercher un ligneuil de 3 pieds de long. (Un
ligneuil est fait de fils tournés ensemble et recouverts de cire
noire appelée braie). Avec le ligneuil, Clément fit un noeud
coulant et l'attacha à la dent d'Alphonse; ensuite il attacha
l'autre bout à l'anneau de la trappe pour aller à la cave. Il
dit à Alphonse: "Tu vas donner un coup de tête en haut et
la dent va s'arracher toute seule." "OK" de
répondre Alphonse. Clément s'étant procuré une aiguille la
piqua sur la fesse gauche d'Alphonse; la dent s'arracha mais il
paraît que la racine de la dent venait de la fesse gauche
d'Alphonse.
Une fille pas gênée
Un soir de féévrier, il faisait une grosse tempête de neige
et comme nous étions tous tannants, grand-père Clément dit:
"Si vous voulez vous tenir tranquilles, je vais vous conter
une histoire réelle." "Oui! Oui!" cria-t-on tous
en choeur. Alors Clément raconta l'histoire suivante. Dans notre
rang, nous étions une "gang" de gars et nous étions
allés jouer aux cartes dans le voisinage; comme il n'y avait
qu'une fille avec nous, nous avions eu une petite conférence à
savoir que nous devions jouer chacun notre tour avec la belle
fille. Les astres, ce soir-là, étaient tous mélangés car,
après avoir tiré au sort, je fus le premier à jouer avec la
fille; les autres gars étaient tous autour de la table et ils
m'épiaient; cela me gênait. Tout d'un coup, la fille me regarda
et me dit: "Es-tu capable de me dire ce que j'ai entre les 2
jambes?" J'ai commencé à rougir et lui répondis: "Je
ne sais pas le diable." Elle ricana: "C'est la patte de
la table."
Faits drôles concernant Clément
Clément ne soignait pas les chevaux car il en avait peur et
les chevaux le savaient aussi; quand ils voyaient grand-père,
ils lui faisaient des grimaces et grinçaient des dents. Clément
se faisait des pipes en orme; un jour qu'il était de mauvaise
humeur, ma mère lui dit: "Allons grand-père, qu'est-ce
qu'il y a?" Il répondit: "Je ne trouve pas ma
pipe." Et il bougonnait de plus belle." Il répondit:
"Au nom de Dieu, je crois que je perds la mémoire."
Clément aimait beaucoup ma mère. Quand il était dans la maison
et que ma mère se préparait à laver le linge sale, il allumait
sa pipe et c'est lui qui brassait le moulin. Mais dans ses
dernières années, c'est le moulin qui brassait grand-père. Un
de mes frères, voulant avoir un deuxième morceau de tarte,
demande à grand-père s'il pouvait en avoir un autre. "Tu
vas fendre en deux si tu en manges encore" qu'il lui
répondit. Alors mon frère de répondre: "Je veux prendre
une chance, donnez-le-moi et sauvez-vous vite vite".
INTERMEDE CONJUGAL
Anne-Marie
1. Flatteries d'Alcide à Anne-Marie.
ANNE-MARIE a fait un grand tablier avec plusieurs poches et
elle l'a installé en-dedans de la porte de la garde-robe
d'entrée. Elle a fait une séérie de chaussettes de toutes les
grandeurs de toutes les couleurs même des vertes et elles sont
toujours et elles sont toujours prêtes! Elle en a fait aussi
pour la table de cuisine ainsi que pour les chaises avec de la
laine fine, elle a beaucoup de vertu et en est digne.
ANNE-MARIE connaît tout le monde. Si le téléphone sonne,
elle est là pour répondre l'invitant à venir manger et
demandant le nombre ayant une voix et une joie profondes.
Le petit doigt d'ANNE-MARIE lui dit tout... tarte au sucre pas
de noix, une autre, avec des noix et aussi de la soupe aux pois!
D'autres sont pour la tarte aux pommes, d'autres au citron, il y
en a qui votent pour le coconut, mon Dieu que c'est bon! Pouding
chômeur, pour lui, pas d'oignon, un autre, pas de fromage, un
autre favorise la gelée grouillée, du sucre à la crème et
caramel pour les sages. Elle peut contenter plusieurs avec des beans et ses
bonnes tourtières. Parlons de ses beaux gâteaux qu'elle vient
de faire. Et parlons de BONHEUR, ANNE-MARIE en donne à ceux qui
désirent être heureux!
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